17 avril 2014 - 00:00
Le chef de l'urgence dénonce les conditions de travail
Une urgence en mal de solutions
Par: Le Courrier
Chef de l'urgence depuis trois ans et demi, le Dr Jocelyn Dodaro juge que la désuétude de l'urgence comporte des risques importants pour le personnel et les patients.

Chef de l'urgence depuis trois ans et demi, le Dr Jocelyn Dodaro juge que la désuétude de l'urgence comporte des risques importants pour le personnel et les patients.

Chef de l'urgence depuis trois ans et demi, le Dr Jocelyn Dodaro juge que la désuétude de l'urgence comporte des risques importants pour le personnel et les patients.

Chef de l'urgence depuis trois ans et demi, le Dr Jocelyn Dodaro juge que la désuétude de l'urgence comporte des risques importants pour le personnel et les patients.

Alors qu'un plan d'agrandissement de l'urgence de l'hôpital Honoré-Mercier est sur la table depuis 2009, le chef de l'unité d'urgence et des soins intensifs, Dr Jocelyn Dodaro, dénonce la désuétude de son environnement de travail et estime qu'il est grand temps que des solutions soient mises en place pour soulager les maux de son département.

Il y a plusieurs mois que la situation perdure, selon le Dr Dodaro. L’urgence est constamment bondée et bien qu’elle soit plus petite qu’ailleurs, avec 26 civières, l’omnipraticien a noté une augmentation de 20 % de la clientèle depuis février.

« L’urgence approche parfois les 200 % de capacité », déplore celui qui est chef du département depuis trois ans et demi. Même si le personnel de l’urgence redouble d’effort pour composer avec un espace restreint, le Dr Dodaro craint pour la sécurité des patients et des employés. Il rapporte que parfois, seul un rideau sépare les patients présentant un risque infectieux des autres. L’omnipraticien redoute aussi la journée où il devra réanimer un patient dans le garage, car la salle de choc, qui ne comporte que trois civières, sera pleine. « Nous acceptons mal de devoir travailler dans une urgence désuète. Il y a beaucoup d’infirmières qui ont l’impression de ne pas avoir bien fait leur travail. Elles ont l’impression de botcher. Certains médecins sont parfois inquiets lorsqu’ils laissent partir leur patient. Ils auraient aimé les garder plus longtemps, mais ce n’est pas possible », raconte le Dr Dodaro, qui a contacté LE COURRIER de sa propre initiative. Une initiative qui ne semble pas avoir été bien accueillie par la direction du CSSSRY puisqu’il a reçu un appel de mécontentement de la directrice générale adjointe, Réjeanne Boudreau, ainsi qu’un courriel du directeur des affaires médicales, Dr Sylvain Brunet. Pourtant, Mme Boudreau a affirmé au COURRIER qu’elle partageait les préoccupations du Dr Dodaro. « Nous souhaitons un nouvel environnement à l’urgence, d’abord pour la clientèle. Devoir passer plusieurs heures sur une civière, personne n’est d’accord avec cela. »La directrice générale adjointe se réjouit toutefois d’être dans les cinq priorités de l’Agence de la santé. « C’est un dossier qui avance à tous les niveaux. Lors de nos rencontres avec l’Agence, nous avons partagé nos inquiétudes quant à l’état vétuste de l’urgence », atteste Réjeanne Boudreau. Elle assure aussi qu’il y a une surveillance accrue au niveau du dépistage des maladies infectieuses et se félicite d’avoir fait passer de 21 h à 16 h la durée moyenne du séjour des patients depuis les dernières années.

Désengorger l’urgence

Jocelyn Dodaro indique ne pas vouloir jeter la pierre à la direction du CSSSRY, qui fait de nombreuses démarches pour promouvoir le dossier de l’agrandissement de l’urgence auprès de l’Agence de la santé.

II prône plutôt « un leadership qui amènerait à prendre des solutions qui proviennent des équipes sur le terrain ». Parmi ses solutions se trouve l’unité d’investigation et d’hospitalisation brève (UIHB), une unité située à proximité de l’urgence qui permet de la désengorger. « Il nous faut des installations temporaires comme l’UIHB avec 12 ou 15 lits supplémentaires pour absorber tous les patients et les retourner à la maison dans un délai de 48 heures. C’est une bonne solution, mais ça ne serait pas possible avant encore deux ans. C’est trop long. »La direction du CSSSRY a déposé un projet d’UIHB temporaire à l’Agence en octobre dernier, avant de complètement revoir le projet d’agrandissement de l’urgence et de l’échelonner sous forme de phases, à la recommandation de l’Agence. À la même période, l’ex-député péquiste de Saint-Hyacinthe, Émilien Pelletier a fait parvenir au ministre de la Santé, Réjean Hébert, une missive le pressant de réaliser dans les plus brefs délais le projet d’agrandissement de l’urgence. « L’urgence est devenue dangereuse et le personnel médical qui y travaille le fait dans des conditions qui vont en s’aggravant; même évaluation pour les patients qui y reçoivent des soins », peut-on lire. La porte-parole de l’Agence confirme que la demande d’UIHB est encore à l’étude, tandis que le projet par phases, dans lequel figure une UIHB permanente, sera soumis par le CSSSRY d’ici un mois et demi. Malgré les délais, c’est-à-dire 32 mois pour réaliser les deux premières phases après acceptation du projet, le CSSSRY se croise les doigts pour que l’Agence favorise des installations permanentes plutôt que temporaires. Le Dr Jocelyn Dodaro a remis sa démission pour le poste de chef de l’urgence, car il ne « voyait pas le bout. Je m’investissais beaucoup sans voir les résultats ». Sa décision a aussi été motivée par le maigre forfait que lui versait la RAMQ pour son poste de chef, qu’il juge insuffisant en raison des nombreuses heures passées en réunion. Sa démission en tant que chef sera effective au 1 er juin, mais Jocelyn Dodaro continuera d’exercer à l’urgence.

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