20 août 2020 - 14:06
Forum
Urbanisme écoresponsable et à échelle humaine
Par: Le Courrier
La présidente du Groupe Robin, Nellie Robin, lors de son passage devant le conseil municipal pour défendre son projet immobilier Quartier M. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

La présidente du Groupe Robin, Nellie Robin, lors de son passage devant le conseil municipal pour défendre son projet immobilier Quartier M. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

En mai 2019, la Ville de Saint-Hyacinthe entamait des démarches de consultation dans le cadre de l’élaboration d’un nouveau Plan de développement durable municipal. Épaulé par le Comité de citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain (CCCPEM), un groupe de citoyens engagés y déposait un mémoire. Son but : contribuer à l’amélioration du centre-ville en tenant compte de l’aspect environnemental de ce milieu de vie.

En plus de dresser un portait du quartier, ce mémoire a permis le partage de pistes de solutions pour un urbanisme plus sain et durable, et ce, dans un contexte de transformations du quartier d’ores et déjà malmené au nom de la densification et du stationnement.

Bien qu’une vision d’avenir partagée pour le centre-ville de Saint-Hyacinthe soit toujours en cours d’élaboration, d’autres projets maskoutains, dont celui du Quartier M du Groupe Robin, semblent avoir tenu compte de recommandations énoncées.

Démarches et consultations

Oeuvrant en éducation relative à l’environnement depuis 28 ans, pour l’équipe du CCCPEM, il nous paraît clair que la densification de la ville de Saint-Hyacinthe porte à réfléchir quant aux pratiques d’urbanisme et au processus de conception d’un projet afin que nos milieux de vie soient plus écoresponsables et inclusifs.

C’est en ce sens que, dès les premières étapes d’élaboration du Quartier M, le Groupe Robin nous a invités à participer à une démarche de consultation et d’idéation qui s’est déroulée de mars à octobre 2019. Cet exercice de charrette a su animer bien des débats et réflexions autour d’un projet alliant les nouvelles tendances en urbanisme et en développement durable. Les intervenants assis autour de la table semblaient tous animés d’un objectif commun : que le projet soit réfléchi et bâti en continuité du quartier actuel, selon les meilleures pratiques.

Le CCCPEM a d’ailleurs fait valoir l’importance de la consultation citoyenne dans le cadre d’un projet d’envergure comme celui-ci. Ainsi, une présentation virtuelle du projet et une consultation électronique ont été tenues au printemps par la Ville de Saint-Hyacinthe et le promoteur afin de recueillir les commentaires des citoyens.

Une question de sens et d’échelle

Selon Jan Gehl, architecte et urbaniste de renommée internationale, la conception d’une ville à l’échelle humaine doit reposer sur la mobilité et la perception sensorielle. La communication entre l’immeuble et la rue n’est possible que jusqu’au quatrième étage. Au-delà de cette limite, le contact avec la ville et les individus s’évanouit rapidement, sans parler du coût environnemental qui grimpe considérablement. Réfléchi comme un milieu de vie, le Quartier M intègre des bâtiments résidentiels et commerciaux d’usage mixte, comptant un maximum de quatre étages.

Bien qu’aucun développement immobilier ne puisse être réellement écologique, les échanges auxquels nous avons participé ainsi que la consultation citoyenne menée en collaboration avec la Ville ont permis de cibler des priorités pour le projet. Il est entre autres question de construire des bâtiments résidentiels à haut rendement énergétique, disposés et reliés par des infrastructures favorisant le transport à pied, à vélo et collectif. Le maintien de milieux naturels déjà en place et l’aménagement de nouveaux espaces verts intégrant de l’agriculture urbaine et le recyclage des eaux sont d’autres exemples de mesures concrètes au niveau environnemental.

Dans la bonne direction

Un réel processus consultatif pour des projets à échelle humaine et durable, voilà ce à quoi aspirent plusieurs Maskoutains pour la suite de la requalification de nos quartiers, incluant le centre-ville. Il n’en demeure pas moins qu’à notre connaissance, aucun règlement municipal ou autre n’exige la tenue de telles démarches consultatives. Elles sont donc tributaires de la bonne volonté du promoteur. La tenue d’un référendum aurait d’ailleurs pu s’intégrer à ce processus comme une opportunité de consolider le projet avec le même professionnalisme et leadership dont le promoteur a fait preuve.

Satisfait des démarches consultatives réalisées, le conseil de ville a accepté la demande de modification du zonage pour ce quartier lors de la séance municipale du 3 août, permettant au projet d’aller de l’avant.

Bref, bien du chemin a été parcouru ces dernières années sur la voie de la consultation citoyenne à Saint-Hyacinthe autant au niveau municipal que privé. Il nous semble souhaitable de continuer à améliorer le processus et voici une façon de le faire! Les projets à venir n’en seront que plus écoresponsables, à échelle humaine et inclusifs.

Annabelle T. Palardy, présidente du Comité de citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain

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