16 mai 2019 - 13:58
Un deuxième roman pour Benoît Côté
Vernissage et la frénésie de l’air du temps
Par: Olivier Dénommée
Benoît Côté aime faire de petites blagues sur les réseaux sociaux le 1er avril, et a réalisé il y a quelques années que ça ne prenait pas grand-chose pour que ces nouvelles inventées soient prises au sérieux et partagées à grande échelle. Cela lui a donné l’inspiration pour le déclencheur de Vernissage. Une bonne partie des sujets abordés dans le livre viennent des propres remises en question du Maskoutain. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Benoît Côté aime faire de petites blagues sur les réseaux sociaux le 1er avril, et a réalisé il y a quelques années que ça ne prenait pas grand-chose pour que ces nouvelles inventées soient prises au sérieux et partagées à grande échelle. Cela lui a donné l’inspiration pour le déclencheur de Vernissage. Une bonne partie des sujets abordés dans le livre viennent des propres remises en question du Maskoutain. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Il y a un an, le musicien Benoît Côté lançait Récolter la tempête, un premier roman qui se situait dans le Saint-Hyacinthe des années 90. Encouragé par une très bonne réception, le voilà qui vient de publier Vernissage, un roman imposant s’inspirant des codes du thriller et des remises en question de notre ère.

« Vernissage, c’est un gros livre qui ratisse large », admet d’entrée de jeu le Maskoutain d’origine, qui a voulu que son nouveau roman soit à l’image de la société actuelle. « Il y a tellement de thèmes que l’on ne sait plus où donner de la tête. C’est la frénésie de l’air du temps. » Parmi les nombreux thèmes abordés au fil des 400 pages, on retrouve notamment le double tranchant des réseaux sociaux, les désordres amoureux, les nouvelles réalités familiales, les enjeux environnementaux et les questions de santé mentale.

Le livre suit le personnage de Simon-Pierre, jeune trentenaire issu du milieu des arts, vaguement inspiré du parcours de l’auteur lui-même. « Il est blasé de son travail et fatigué sur le plan affectif. Bref, tout est un peu cahoteux pour lui », explique M. Côté.

Tout dérape après une beuverie avec un ami où il met en scène un scénario où il se kidnappe lui-même et se filme en Facebook Live en dénonçant au passage certaines actions du gouvernement provincial dans lequel il a une tante ministre. « La vidéo part en vrille et le lendemain matin, il réalise que c’est devenu viral et qu’il a perdu le contrôle », poursuit-il. Le personnage se retrouve humilié par des chroniqueurs qui le considèrent comme un artiste raté en quête d’attention pendant que des groupuscules s’associent à sa sortie, autant à l’extrême gauche qu’à l’extrême droite. Même sa tante finit par utiliser sa vidéo à son propre profit.

Alors que Simon-Pierre tente de reprendre le contrôle de la situation, l’histoire coupe soudainement aux deux tiers du roman, prévient l’auteur. « On voit maintenant le point de vue d’un autre personnage, une femme, dans la trentaine aussi, dont on ne connaît pas le lien avec le personnage principal. » Le roman se veut plein de rebondissements et de faux dénouements qui ne trouveront explication qu’à la toute fin, un peu à la manière d’un polar sans en être un. Même la construction des chapitres et du titre, Vernissage, ne trouvera son sens qu’à la toute fin de la lecture, explique Benoît Côté.

Écriture particulière

Ce qui avait charmé la critique avec Récolter la tempête, c’était le soin apporté aux niveaux de langue dans les dialogues. L’auteur reprend cet exercice avec Vernissage. « Pour moi, c’était important de bien représenter ces niveaux de langue à l’écrit. Quand deux gars saouls se parlent, ça paraît! », précise-t-il au sujet de ce roman situé essentiellement à Montréal. Et inspiré par la mode du binge-watching grâce à Netflix, l’auteur a été jusqu’à calculer la longueur de ses chapitres pour qu’ils aient la durée approximative d’un épisode d’une série télé.

Au moment de l’entrevue, l’auteur s’avouait stressé de ne pas savoir comment sa nouvelle création serait reçue. « J’ai été très chanceux avec mon dernier livre, mais ce n’est pas pareil d’aborder des sujets d’actualité que de faire un livre nostalgique. » Une première critique a été publiée cette fin de semaine dans Le Devoir, affirmant que « [m]algré l’omniprésence du désenchantement, Benoît Côté ne délaisse jamais l’espoir, rappelant qu’après tout, toute épreuve suppose un choix et, par conséquent, la liberté de modifier sa trajectoire », signe que ce roman plein de remises en question n’est pas dénué de pertinence.

Une suite?

Si Vernissage n’est pas une suite de Récolter la tempête, l’auteur considère que les deux histoires se passent dans le même univers. Il admet au passage avoir « semé des problèmes » tout au long de son histoire qui pourraient revenir à la surface dans l’éventualité d’une suite. « J’ai laissé cette porte ouverte, mais ça dépendra de la réponse du public. » Pour le moment, il se concentre sur l’écriture d’un autre roman qui, lui, serait en quelque sorte une suite à son premier roman. Un projet qui doit encore se préciser au cours des prochains mois.

Vernissage, de Benoît Côté, publié par Triptyque, est en librairie depuis le 10 avril.

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