3 octobre 2019 - 17:34
Ville de Saint-Hyacinthe, 1849-2019 : 170 ans! (1)
Par: Le Courrier
Page frontispice du Rapport du comité spécial de mai 1849. Photo Archives CHSH

Page frontispice du Rapport du comité spécial de mai 1849. Photo Archives CHSH

Le 23 septembre 1748, le roi de France Louis XV concède un territoire en Nouvelle-France, la Seigneurie de Maska, à Pierre Rigaud de Vaudreuil, en remerciement de services rendus. Il ne s’agit pas de l’acte de la fondation de la ville de Saint-Hyacinthe, loin de là. Il faudra attendre encore plusieurs années afin d’en déterminer les débuts.

Il y a 170 ans, soit un siècle après la concession de la seigneurie, Saint-Hyacinthe devenait une municipalité. En effet, le 6 octobre 1849 est la date officielle de l’incorporation du village de Saint-Hyacinthe octroyée par une loi spéciale du gouvernement du Canada-Uni. Il est bien évident que, pour devenir une municipalité, il devait y avoir une agglomération d’habitations dans un milieu depuis déjà un certain nombre d’années. Dans le cas de Saint-Hyacinthe, on pourrait dire qu’un embryon villageois était présent dans le secteur du « coteau de la Cascade » au début des années 1770.

Elles étaient rares à l’époque, les incorporations municipales, malgré quelques exceptions. Il faut dire que nous sommes encore en période du régime seigneurial et dans les débuts du régime municipal au pays, ce dernier ayant pris naissance au cours des années 1840, principalement en 1845. Auparavant, il n’y avait pas de municipalités ou de corporations municipales, mais des syndics. En effet, à partir de 1818, une nouvelle loi permettait que les habitants de tout village de trente maisons ou plus et dont l’étendue du territoire était d’au moins quinze arpents puissent élire cinq syndics. Ces derniers pouvaient établir des règlements afin d’assurer le bien-être et la sécurité des citoyens.

Le 1er juillet 1845, le gouvernement du Canada-Uni crée une loi municipale permettant la mise en place de municipalités locales de paroisses, de townships, de villages et de villes. C’est dans ce contexte que sont formées les Municipalités de la Paroisse de Saint-Hyacinthe et de la Paroisse de Sainte-Rosalie. Le 1er septembre 1847, la loi municipale du 1er juillet 1845 est abolie. Ces municipalités disparaissent et sont remplacées par les Municipalités de comté (ancêtres des actuelles Municipalités régionales de comtés, MRC). Il faudra attendre le 1er juillet 1855 pour voir à nouveau apparaître le régime des municipalités locales, de paroisses et de cantons, mais cette fois pour de bon.

C’est ainsi que sont rétablies, le 1er juillet 1855, la Municipalité de la Paroisse Notre-Dame-de-Saint-Hyacinthe (originellement nommée la Municipalité de la Paroisse de Saint-Hyacinthe) ainsi que la Municipalité de la Paroisse de Sainte-Rosalie. Ces deux municipalités de 1845 n’ont pas laissé de traces. Il est possible qu’elles n’aient jamais eu de conseils municipaux avant 1855.

Pour certains résidents influents de Saint-Hyacinthe, notamment Joseph Bistodeau (1768-1856), il était maintenant temps de demander au gouvernement l’incorporation municipale du village. C’est ce qu’il fit en 1847, en adressant une requête au Parlement sous la forme de pétition.

Cette dernière a pris près de deux ans avant d’être acceptée. En effet, d’abord, elle a dû être présentée à la Municipalité de comté de Saint-Hyacinthe, dont le maire était Eusèbe Cartier, commerçant. Ensuite, elle était contestée par deux autres requêtes à cause des limites territoriales proposées. Finalement, l’incendie criminel du parlement canadien situé à Montréal, le 25 avril 1849, a détruit notamment les pétitions et le projet de loi, forçant le report de l’incorporation. C’est ce que nous apprenons dans un rapport daté du 12 mai 1849, du comité gouvernemental spécial mis sur pied pour étudier la requête de Bistodeau et autres ainsi que celles des opposants.

Luc Cordeau, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

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