10 octobre 2019 - 20:28
Ville de Saint-Hyacinthe, 1849-2019 : 170 ans! (2)
Par: Le Courrier
Affiche de la proclamation de l’incorporation municipale du village de Saint-Hyacinthe, le 6 octobre 1849. Photo DM01, Ville de Saint-Hyacinthe - Archives CHSH

Affiche de la proclamation de l’incorporation municipale du village de Saint-Hyacinthe, le 6 octobre 1849. Photo DM01, Ville de Saint-Hyacinthe - Archives CHSH

Joseph Bistodeau, malgré ses 79 ans, voyait loin, ce qui n’était pas le cas de tous. L’avenir de Saint-Hyacinthe s’annonçait prometteur avec le projet de l’arrivée du chemin de fer pour 1848.

Bistodeau et ses collègues pétitionnaires, « qui demandent l’incorporation du village de Saint-Hyacinthe, réclament non seulement toute cette étendue de terrain vacant situé au nord et au nord-est du village [au-delà du nouveau chemin de fer], mais également un terrain de plus de 500 arpents de superficie, situé à l’ouest du chemin de Saint-Denis [rue Bourdages] ».

C’est ici qu’interviennent les deux autres pétitions dont les signataires ne veulent pas que la partie ouest de la rue Bourdages, comprenant notamment l’église paroissiale, soit incluse dans le village. Parmi ces pétitionnaires nous retrouvons, entre autres, messieurs Eusèbe Cartier, commerçant, Pierre Boucher de la Bruère, médecin, François Têtu, notaire, Louis R. Couillard-Després, secrétaire et maître de poste, etc. Pour Cartier et son groupe, il est inconcevable que ce secteur de campagne soit inclus dans le village. Pour d’autres, ils ne veulent tout simplement pas que leurs propriétés se retrouvent dans la nouvelle corporation.

Finalement, le village de Saint-Hyacinthe devient une corporation municipale le samedi 6 octobre 1849. Les limites territoriales voulues par Bistodeau et autres sont respectées, à l’exception du côté ouest de la rue Bourdages. Il faudra attendre l’année 1887 pour que ce secteur soit intégré à la Cité de Saint-Hyacinthe devenant ainsi le quartier municipal numéro 5.

Afin que la population de Saint-Hyacinthe prenne connaissance que le village devenait une corporation municipale, des affiches bilingues de la proclamation devaient être installées pendant deux semaines à la porte de l’église paroissiale, l’endroit le plus fréquenté par les résidents. Sur cette proclamation de James, comte d’Elgin et Kincardine, gouverneur général de l’Amérique du Nord britannique, sous le règne de Victoria, reine d’Angleterre, on y indiquait notamment les limites territoriales du village incorporé ainsi que la date officielle, soit le 6 octobre 1849. Cette proclamation fut également publiée à l’intérieur du journal gouvernemental The Canada Gazette, du samedi 20 octobre 1849.

Les premières élections municipales, présidées par Eusèbe Cartier, juge de paix, ont eu lieu les 13 et 14 novembre 1849, au palais de justice de Saint-Hyacinthe. Furent élus conseillers : Louis-Antoine Dessaulles, Narcisse Létourneau, Léonard Boivin, Célestin Parent, François Monnet, Pierre Solis, Georges F. Barns. Ils ont été assermentés conseillers entre le 21 et le 24 novembre.

La première réunion du conseil municipal a eu lieu le lundi 26 novembre 1849, à 11 h du matin, dans la salle d’audience du palais de justice situé à l’époque rue Concorde, près du chemin de fer. Dessaulles devient maire à cette occasion à la suite de la proposition du conseiller Léonard Boivin. Il le restera jusqu’à sa démission le 3 avril 1857. À l’époque, la population ne votait pas pour l’élection du maire, mais seulement pour celle des conseillers. Ces derniers nommaient un des leurs maire du lieu. Pour l’élection du maire par la population, il faudra attendre l’Acte d’incorporation de la Cité de Saint-Hyacinthe en 1857.

Deux autres réunions du conseil municipal eurent lieu en 1849, soit les 4 et 10 décembre. À cette dernière rencontre, L.-A. Dessaulles met sur la table de réunion une affiche de la proclamation de l’incorporation municipale qu’il avait reçue en tant que juge de paix. Il s’agit très probablement du document conservé dans les archives de la Ville, dont une reproduction accompagne ce texte.

Luc Cordeau, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

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