2 février 2012 - 00:00
Biométhanisation à la station d'épuration
Vivement la phase II!
Par: Le Courrier

Malgré les 9 millions $ investis à la station d'épuration de Saint-Hyacinthe en 2009, la phase I du projet de biométhanisation des boues d'épuration n'a pas encore donné tous les résultats attendus. Les objectifs de cette première étape ne seront atteints que lorsque la Ville aura réalisé la phase II du projet, évaluée à 38,2 millions $.

Pourtant, tous les équipements de biométhanisation qui ont été installés au cours de la phase I fonctionnent à merveille, assure-t-on à la station.

C’est plutôt une partie importante des vieilles installations de l’usine qui pose problème. « Pendant la période de rodage, on s’est aperçu que les filtres-presses ne faisaient pas le travail. Avec la biodigestion, la texture de la boue a changé; c’est beaucoup plus fin qu’avant et ça bloque les pores des filtres. On essaie de presser les boues, mais on n’y arrive pas », a expliqué le chef de la division Traitement de l’eau à la Ville de Saint-Hyacinthe, Pierre Mathieu.Fabriqués en Angleterre il y a plus de 25 ans, les deux grands filtres-presses de marque Edward & Jones constituent en quelque sorte le coeur de la station d’épuration telle qu’elle a été conçue entre 1984 et 1987. Comme ces vieilles machines ne peuvent être intégrées au nouveau processus de biométhanisation, la solution consiste à les remplacer par de l’équipement à la fine pointe de la technologie en épuration des eaux. Trois essais réalisés l’automne dernier à l’aide de centrifugeuses ayant donné de très bons résultats, il est probable que la station sera équipée d’une machinerie de ce type dans le cadre de la phase II. « L’argent qu’on devait éventuellement investir dans la mise à niveau des filtres-presses servira à acheter les centrifugeuses, où encore une autre technologie extrêmement prometteuse que nous avons vue en Allemagne l’été dernier », a indiqué Pierre Gabrielli, directeur du service du Génie de la Ville de Saint-Hyacinthe.MM. Mathieu et Gabrielli sont rentrés de leur voyage de 10 jours en Europe plus convaincus que jamais que Saint-Hyacinthe filait sur la bonne voie avec son projet-pilote qui sera subventionné aux deux tiers par les gouvernements. « En Allemagne, on retrouve au moins 5 000 unités de méthanisation. Ils sont 40 ans en avant de nous », assure Pierre Mathieu.

Des boues asséchées et du gaz

Avant que Saint-Hyacinthe adopte la biométhanisation comme méthode de traitement des eaux usées, ce sont 13 500 tonnes de boues asséchées à 20 % qui ressortaient annuellement de la station d’épuration de la rue Girouard Est.

La Ville dépensait ensuite près de 1,5 million $ par an pour les faire transporter à un site de compostage et de valorisation situé à Saint-Rosaire, au nord de Victoriaville.Mais avec l’installation de trois grands biodigesteurs à la station, bien des choses ont changé. Après les phases du traitement conventionnel dans les grands bassins extérieurs, les boues ne passent plus directement aux filtres-presses. Elles transitent maintenant par les biodigesteurs, où elles sont livrées aux bactéries pendant 25 jours. Il en résulte la production de biogaz – il s’accumule dans la partie supérieure des gros cylindres argentés – et une diminution substantielle des quantités de boues après leur biodigestion; en fait, 47 % des boues initiales sont maintenant transformées en gaz. Il est utilisé pour chauffer les boues tant dans les biodigesteurs que dans le nouveau séchoir, à la toute fin du processus.Idéalement, les filtres-presses devraient déshydrater les boues à 27 % avant leur arrivée dans le séchoir, où leur degré d’assèchement (taux de siccité) serait élevé à 95 %. Mais les boues, même s’il y en a moins qu’avant à l’étape du pressage, on une teneur en eau plus élevée qu’avant. Résultat, les filtres-presses n’arrivent pas à les assécher à plus de 13 %. « Et à 13 %, il reste trop d’eau, on ne peut pas passer à l’étape du séchoir », souligne Pierre Mathieu.

Centrifugeuse

Pour pallier le mauvais rendement des filtres-presses, la Ville a décidé de louer une centrifugeuse de déshydratation portative qui se trouve déjà dans la cour arrière de la station. Un contrat de 149 346 $ a été accordé en janvier à la Corporation NewAlta, de Brossard, pour une location de cinq mois; s’il devait y avoir prolongation, la location coûtera 24 994 $ de plus pour chaque mois supplémentaire.

C’est le lancement des travaux prévus à la phase II du programme de biométhanisation qui mettra fin à cette situation temporaire. La suite des choses dépend des annonces gouvernementales quant aux subventions. Québec et Ottawa doivent injecter ensemble 31,4 millions $ dans ce projet qui représente un investissement total de 47,1 millions $. Grâce à la phase II, la Ville de Saint-Hyacinthe prévoit traiter à la station tous les résidus organiques envoyés dans le bac brun sur le territoire de la MRC, de même que ceux générés par les entreprises agroalimentaires locales. La quantité de biogaz ainsi produite serait telle qu’elle permettrait entre autres d’alimenter 115 véhicules municipaux à l’aide d’un nouveau carburant, le biométhane.Même si des imprévus ont atténué son impact, la phase I du projet de biométhanisation a permis de réduire considérablement les quantités de boues envoyées au compostage. De 13 500 tonnes métriques à 20 % de siccité, on est passé à 7 000 tonnes métriques à 13 % de siccité. L’usine a pu aussi transformer 450 tonnes de ces boues en 22,5 tonnes de digestat sec à 95 %, le taux de siccité à atteindre pour tous les résidus transformés en fertilisants.Fait étrange, les coûts de transport des boues résiduelles diminuent depuis que Saint-Hyacinthe fait dans la biométhanisation. Ils ont chuté de 104 $ à 65 $ la tonne métrique, et pourtant, ces boues sont maintenant expédiées à Bury, dans le Haut Saint-François, une municipalité plus éloignée de Saint-Hyacinthe que Saint-Rosaire.

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