28 mai 2020 - 14:24
Vivre le confinement à travers son œuvre
Par: Maxime Prévost Durand
L’évolution de l’œuvre de Guillaume Mercier-Lacombe, une toile qui dresse un parallèle avec la période de confinement. Photos gracieuseté

L’évolution de l’œuvre de Guillaume Mercier-Lacombe, une toile qui dresse un parallèle avec la période de confinement. Photos gracieuseté

Guillaume Mercier-Lacombe est l’un de ces finissants qui ont dû revoir de A à Z leur projet final de création en raison du confinement. Il a même décidé de faire de la crise actuelle l’élément central de sa nouvelle œuvre, une performance qu’il a menée dans sa chambre pendant deux mois.

Chaque heure, un nouveau fil tissait la toile de ses mouvements d’étudiant confiné. Son projet porte justement le nom Tisser. Il voulait de cette manière soulever les difficultés psychologiques du confinement. Pour immortaliser le projet, Guillaume a pris chaque jour des clichés de l’évolution de la toile, montrant la densité prendre forme. Au fil des semaines, sa chambre est devenue un véritable cocon.

Dans le texte de présentation de son œuvre, il ramène l’expérience vécue à partir de ces fils à celle du confinement. « La structure de la toile, comme cette expérience, s’alourdit par son prolongement. Elle affaiblit, elle déprime, certes, mais devient aussi un cocon qui donne la possibilité d’en ressortir plus grand », décrit l’étudiant.

Tout ça est bien loin du projet initial qu’il devait réaliser, soit de la photographie de rue visant à capter la manifestation de l’homme dans sa société.

« Avec l’apparition monstre de la pandémie, j’ai dû changer mon projet. La photographie de rue est un style qui requiert constamment de se déplacer. Maintenant confiné, je voulais représenter cet état restreint causé par la pandémie. C’est ainsi que j’ai commencé à forger l’idée de l’intervention dans ma chambre », raconte Guillaume.

Un peu comme l’a fait la crise sanitaire que l’on traverse, l’élaboration du projet a chamboulé le quotidien du jeune homme.

« Dès les premières journées de mon intervention, je sentais déjà les fils impacter la manière dont je pouvais bouger, affirme l’étudiant. Cela demandait une grande adaptation. Il fallait non seulement que je m’habitue au fait que mes déplacements devenaient une sorte d’acrobatie, mais il ne fallait pas oublier la présence des fils. Quand on s’habitue pendant des années à la disposition d’une pièce et que celle-ci est chamboulée, les habitudes le deviennent aussi. Il y a des instants où je risquais carrément de chuter dans la toile parce que je l’oubliais facilement. »

Plus les jours avançaient, plus la toile grandissait. Ses mouvements devenaient de plus en plus limités et il devait trouver de nouvelles manières de bouger dans sa chambre pour vivre « normalement ».

« D’une certaine manière, vivre une telle expérience m’a fait regarder les choses d’une nouvelle façon. Elle m’a prouvé qu’en s’adaptant, on est capable de vivre une situation qu’on croyait incapable de supporter », philosophe-t-il.

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