14 mai 2020 - 14:35
Yves Morier : un projet n’attend pas l’autre
Par: Maxime Prévost Durand
Entre deux toiles, la période de confinement a fait ressortir d’autres projets laissés en plan depuis longtemps par l’artiste peintre Yves Morier. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Entre deux toiles, la période de confinement a fait ressortir d’autres projets laissés en plan depuis longtemps par l’artiste peintre Yves Morier. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Peindre des maisons et des sites historiques du circuit patrimonial de Saint-Denis-sur-Richelieu. Écrire les mémoires de sa carrière dans le monde judiciaire. La période de confinement a fait rejaillir plusieurs projets pour l’artiste peintre et juge (presque) à la retraite Yves Morier.

« Je n’ai pas une seconde pour m’ennuyer », s’est exclamé le Maskoutain au cours d’un entretien téléphonique avec LE COURRIER, la semaine dernière.

Si bien que, depuis la mi-mars, le Maskoutain n’a peint que deux tableaux malgré tout le temps dont il dispose présentement. Le premier, il l’a fait pour le propriétaire du restaurant Gusti d’Italie, Luigi Antonio Peluso, qui lui avait demandé tout bonnement de peindre son village natal à partir d’une photo qu’il lui avait donnée. Le second correspond davantage au style d’œuvre qui caractérise son art. C’est une toile représentant le 800, avenue de l’Hôtel-de-Ville, un immeuble à caractère historique du centre-ville de Saint-Hyacinthe ayant appartenu à un ancien député fédéral du nom de Jean-Baptiste Blanchet.

« J’aurais pu en faire plus, j’ai été à mon atelier une couple de fois par semaine, mais peut-être que le goût était moins là, même si le temps y est », a confié M. Morier.

Il a surtout passé beaucoup de son temps à éplucher ses agendas professionnels, qu’il a conservés tout au long de sa carrière. Ceux-ci lui ont permis de se replonger dans les affaires judiciaires qui ont marqué son parcours, que ce soit comme avocat, comme procureur en chef ou comme juge.

« J’ai déménagé l’automne dernier et j’avais tous mes agendas depuis 1970. J’ai commencé à éplucher ça [pendant le confinement] et je me suis mis à noter les événements qui m’ont le plus marqué. Peut-être que je prendrai le temps d’écrire là-dessus prochainement », a mentionné celui qui continue, encore à ce jour, à siéger comme juge au palais de justice de Saint-Hyacinthe en tant que remplaçant depuis quelques années.

Au moment de l’entretien, il était rendu à feuilleter ses agendas de 1982, tout juste avant qu’il ne soit nommé procureur en chef.

« Ça m’a remémoré un procès mémorable de cinq ou six jours pour un vol qualifié qui était survenu à Saint-Liboire, dans une serre, où 100 000 $ US avaient été volés dans un coffre-fort. Les policiers avaient retrouvé un 20 $ US dans les poches du suspect et un frottis avait permis d’établir qu’on retrouvait les mêmes colonies de bactéries sur le 20 $ US du suspect et ceux volés. Ça avait été rapporté dans Le Courrier par Louis Lamothe à l’époque », a raconté M. Morier.

Dans ce projet d’écriture qui mijote dans son esprit, il consacrerait également un pan du récit au bénévolat qu’il a fait dans sa vie, puis un autre à sa passion pour la peinture.

Justement, le confinement lui a permis de trouver un autre sujet à développer en peinture. S’intéressant depuis toujours à l’histoire des lieux, une promenade du dimanche à Saint-Denis-sur-Richelieu a confirmé sa volonté de peindre les 19 lieux répertoriés sur le circuit patrimonial de la municipalité. Il en a profité pour prendre en photo chacun de ces endroits, que ce soit la Maison des patriotes, l’église, la maison où logeait une famille de potiers ou encore le bâtiment qui servait de boutique de forge, afin de les peindre prochainement.

« Chacun des tableaux aura son histoire qui l’accompagnera », promet-il, comme il le fait chaque fois qu’il peint une maison ou un lieu historique.

Bientôt la « vraie » retraite

Officiellement, Yves Morier est un juge à la retraite depuis mai 2011, mais dans les faits, il siège encore pour remplacer un juge en congé de maladie à long terme. La « vraie » retraite, ce devait être ce printemps, mais elle a dû être encore repoussée de quelques mois en raison du contexte actuel.

Les activités de la cour étant suspendues en ce moment, il devra revenir en poste une fois la crise passée pour conclure les trois derniers dossiers dans lesquels il est impliqué.

« Mon contrat devait se terminer le 31 mai, après c’était fini, a souligné M. Morier, mais comme la cour est fermée, ils vont devoir m’assermenter à nouveau jusqu’au 6 octobre pour que je puisse finir mes dossiers. »

Cette journée du 6 octobre, Yves Morier célèbrera ses 75 ans et n’aura donc plus le droit de travailler, tel que cela est prévu dans les conventions du milieu judiciaire. Et ça lui convient très bien comme ça.

« J’ai toujours aimé ça, mais il est temps d’arrêter », a-t-il lancé.

Sur les trois dossiers qu’il doit conclure, deux sont à l’étape de l’argumentation sur la sentence dans des histoires d’abus sexuels. La première personne a avoué sa culpabilité, l’autre a été déclarée coupable. Le troisième dossier est un procès en lien avec une affaire de production de stupéfiant. Une journée de procès avait été complétée avant l’arrêt des activités de la cour.

« Je vais enfin finir par être un vrai retraité et je vais pouvoir me concentrer sur mes autres projets », a-t-il conclu en riant.

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