15 mai 2014 - 00:00
Donner l’exemple
Par: Martin Bourassa

Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en, jamais ce concept n’aura été plus pertinent qu’avec la campagne de promotion lancée récemment par la grande région de Saint-Hyacinthe. Cette campagne est un peu à mon image. Elle ne fait pas l’unanimité, mais elle fait jaser. C’est toujours ça de pris, non?

Personnellement, avant de me le faire dire en grosses lettres par une agence de pub de Montréal, je n’avais pas l’impression de vivre dans une région incontournable, cérébrale, énorme, épuisante, étourdissante ou dominante.Et je ne voyais pas tellement le rapport de miser sur des termes péjoratifs pour convaincre les gens de venir s’installer chez nous, une région épuisante, ou de s’afficher partout si nous sommes réellement une région incontournable. Mais je comprends l’astuce derrière cette campagne et y perçois une volonté de briser notre image conventionnelle, liée à la terre, à la campagne et au grenier du Québec.J’aurais sans doute trouvé une campagne axée sur la notion de « cultivée » plus proche de ce que nous sommes, en faisant ressortir notre capacité de cultiver la terre, la richesse, la réussite, le bonheur et la santé. Mais cette campagne classique n’aurait sans doute pas eu le même effet. Je ne suis pas non plus contre l’idée de faire la promotion de notre région et de ses attraits. Je salue même l’initiative.Je me questionne par contre sur son coût. Grosso modo, il est question d’une campagne de 1,2 M$. Il n’y a pas si longtemps, c’est le montant que la campagne de souscription populaire devait amasser pour terminer et équiper le Centre des arts et c’est sensiblement le coût que représenterait la construction d’un centre communautaire à Saint-Joseph (1,9 M$). C’est beaucoup d’argent pour de la simple publicité. C’est surtout beaucoup d’argent public et privé que l’on n’investira pas ailleurs.Il sera aussi extrêmement difficile de mesurer l’impact de cette campagne. Si la Ville de Saint-Hyacinthe échoue dans son objectif d’atteindre les 60 000 habitants en 2020, faudra-t-il en déduire que cette campagne aura fait chou blanc? Comptez sur les agences de pub pour vous convaincre du contraire. J’ai comme l’impression qu’il faudra encore se creuser la tête pour se démarquer du lot. Dire que l’on est incontournable et épuisant ne suffira pas. Encore faudra-t-il mettre en place des incitatifs originaux et alléchants sur le plan des crédits de taxes, des services et des commodités pour conclure la vente auprès des intéressés. Le travail qui reste à faire est énorme. J’estime que la meilleure publicité réside souvent dans le bouche à oreille.Tiens, ce n’est pas tant de savoir que notre caisse Desjardins va investir 100 000 $ dans la présente campagne qui retient mon attention, que d’apprendre que son nouveau directeur général, Serge Bossé, s’installera ici avec les siens.C’est son message qu’il faudrait véhiculer aux autres directeurs généraux, gens d’affaires et partenaires qui investissent temps et argent dans cette campagne, mais qui résident en dehors de la région de Saint-Hyacinthe.C’est à eux de passer de la parole aux actes et de donner l’exemple.

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