9 juillet 2015 - 00:00
Projet Bellus
ABCP avait intégré la E.T. Corset à sa proposition
Par: Benoit Lapierre
Le directeur du service de l’Urbanisme, Yvan Gatien et le promoteur Gilles Lépine, de Bellus, durant l’exposé de Bernard Serge Gagné, de la firme ABCP. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le directeur du service de l’Urbanisme, Yvan Gatien et le promoteur Gilles Lépine, de Bellus, durant l’exposé de Bernard Serge Gagné, de la firme ABCP. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le directeur du service de l’Urbanisme, Yvan Gatien et le promoteur Gilles Lépine, de Bellus, durant l’exposé de Bernard Serge Gagné, de la firme ABCP. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le directeur du service de l’Urbanisme, Yvan Gatien et le promoteur Gilles Lépine, de Bellus, durant l’exposé de Bernard Serge Gagné, de la firme ABCP. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Bernard Serge Gagné, du bureau d’architectes ABCP. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Bernard Serge Gagné, du bureau d’architectes ABCP. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

La conservation de l'ancienne usine E.T. Corset, à l'angle des rues Laframboise et Delorme, faisait partie de la proposition initiale d'aménagement du site Goodyear imaginée par la firme d'architecture et de design urbain ABCP, de Québec, mandataire de la Ville dans le dossier.

C’est ce qu’un architecte d’ABCP, Bernard Serge Gagné, a révélé à la séance d’information qui a eu lieu le 30 juin, au Centre aquatique, à l’intention des résidants concernés par les modifications réglementaires que le projet nécessite. « Le 1650 Laframboise (la E.T. Corset) a été jugé intéressant et au départ, il était conservé », a indiqué M. Gagné en début de séance.

Durant deux heures et demie, une cinquantaine de citoyens ont écouté les représentants de la Ville et des promoteurs leur parler de ce projet immobilier qui suscite la controverse, notamment parce qu’il pourrait entraîner la destruction de la E.T. Corset, datant de 1892, le plus vieil élément du patrimoine industriel de Saint-Hyacinthe.

Le 29 juin, le conseil municipal a maintenu la décision de son comité de démolition et a décidé que le permis de démolir serait finalement accordé, mais à certaines conditions. En premier lieu, le demandeur, Stéphane Arès, propriétaire de l’immeuble, devra obtenir les modifications aux règlements d’urbanisme qui permettraient ensuite au groupe Bellus Développement de concrétiser à cet endroit son projet des « Faubourgs de la Gare ».

C’est le président de Bellus Développement, Gilles Lépine, qui en a lui-même dévoilé les grandes lignes, en se présentant d’abord comme un ex-Maskoutain qui a vécu à Saint-Hyacinthe durant 24 ans avant de quitter la ville en 2002, non sans y avoir laissé sa marque, notamment comme président fondateur de la galerie Expression. Il n’a toutefois pas glissé mot de son lien de parenté avec le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil, dont il est l’oncle par alliance. M. Corbeil n’assistait pas à la réunion d’information, mais le conseil y était représenté par Sylvie Adam, Nicole Dion-Audette, Donald Côté, Alain Leclerc et Sylvain Savoie.

M. Lépine a indiqué que Bellus Développement, qui a lancé des projets à Saint-Jean et Waterloo, entend construire 168 unités de logement à Saint-Hyacinthe. « Il s’agira essentiellement de condos. Ça s’inspire directement de ce qui vous a été présenté », a-t-il dit, en parlant des esquisses d’ABCP.

D’après le plan présenté sur écran par l’architecte de Bellus, Yves Lussier, les condos seront répartis dans six bâtiments, tous munis d’un stationnement intérieur. Celui qui remplacera la E.T. Corset comportera cinq étages, un de plus que la vieille manufacture, tandis que les autres en posséderont quatre. Comme aucun espace commercial n’est prévu sur le site et que le train de banlieue ne le desservira pas dans un avenir prévisible, tous admettent qu’on ne parle plus d’un projet de type TOD (Transit Oriented Development), un concept d’aménagement principalement axé sur le transport collectif et les services de proximité.

Il s’agit tout de même d’un projet d’habitation à haute densité, comme l’a souligné le directeur du service de l’Urbanisme, Yvan Gatien, en expliquant les modifications réglementaires demandées par les promoteurs. Elles ont trait, notamment, à la hauteur des bâtiments, aux marges avant et au stationnement. À ce propos, M. Gatien a mentionné que la Ville proposait une norme minimale d’une case par logement, alors que le seuil actuel en zone multifamiliale est de 1,5 case par logement. Toutefois, dans l’avis de motion du projet de règlement qui a été présenté à la séance du conseil de ce lundi 6 juillet, c’est plutôt d’une norme de 1,3 case par logement dont il est question pour le projet Bellus.

Quoi qu’il en soit, la construction d’autant de condos dans le cul-de-sac de la rue Laframboise paraît inquiéter le voisinage. À la période des questions, plusieurs interventions ont porté sur le stationnement. « Nous travaillons tous à Saint-Hyacinthe, M. Gatien, et nous avons tous deux voitures », a lancé une dame.

Un autre citoyen, Jean-Pierre Arel, croit par ailleurs que l’impact négatif de la circulation ferroviaire a été ignoré dans ce projet. « Croyez-vous que 160 familles vont accepter de se faire péter les oreilles par les trains? J’ose espérer que les promoteurs vont leur dire : il y a du bruit, de la vibration », a-t-il ajouté.

La destruction annoncée de la E.T. Corset a également suscité de nouveaux commentaires. Marie-France Daigneault Bouchard, une diplômée en architecture qui est déjà intervenue dans le dossier, a dit déplorer une fois de plus l’absence d’effort pour intégrer au projet un bâtiment ancien. « On fait moins de profit quand on sauve le patrimoine, mais la communauté est reconnaissante. Vous qui êtes urbaniste, vous devriez être sensible à ces questions-là », a-t-elle dit en s’adressant directement à Yvan Gatien.

Quant à Émile Bouchard, il a demandé si une étude de structure permettant de juger de l’état de la E.T. Corset avait été commandée par la Ville. « Est-ce qu’elle existe, cette étude-là, est-elle disponible? (…) Mon opinion, c’est que ce bâtiment est récupérable. J’en conclus qu’on a un conseil qui ne s’intéresse pas au patrimoine », a-t-il tranché à la toute fin.

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