14 mai 2015 - 00:00
Besoin de pétrole?
Par: Le Courrier

Quelque 460 mémoires ont été déposés devant la Commission sur les enjeux énergétiques qui a siégé en 2013, et pourtant le gouvernement du PLQ les a mis de côté pour lancer une nième consultation sur le même sujet, vraisemblablement pour donner un semblant de légitimité à sa politique énergétique. Certains y voient une consultation bidon! Comme les 460 mémoires déposés sont ­désormais inutiles, tout ce qui reste pour exprimer mon opinion est l’option de la « lettre ouverte ».

Dans le document gouvernemental sur les hydrocarbures, il est dit que « …le ­Québec dépend des hydrocarbures pour satisfaire plus de 50 % de ses besoins en énergie… ». Je m’arrête sur le mot « besoin » puisque pendant 20 ans, j’ai ­enseigné l’« Initiation à la technologie » aux élèves de secondaire 3. La base de ce cours (avec la réforme scolaire, il est ­devenu « Science et technologie ») était que le « besoin » est le point de départ de tout objet technique. J’ai toujours expliqué à mes élèves qu’il fallait bien définir le besoin si on veut trouver la réponse technologique optimale. Est-ce qu’une voiture Smart à deux places peut répondre adéquatement aux besoins de déplacement d’une famille qui compte quatre enfants?

Avons-nous besoin de pétrole? ­Raffinons la question puisque l’interrogation est aussi imprécise que de dire que j’ai besoin d’un réfrigérateur dans ma cuisine. Personne n’a besoin d’un bibelot appelé frigo! Nos grands-mères n’en avaient pas; les plus fortunées d’entre elles achetaient un bloc de glace pour la glacière! Dans ce cas, si on analyse bien la situation, le « besoin » vise à garder les ­aliments au frais pour les conserver plus longtemps!

Donc, avons-nous besoin de pétrole? Seuls ceux qui boivent une tasse de ­bitume au déjeuner ont besoin de ­pétrole! Une analyse pointue révèle que le besoin véritable, dans le Québec du 21e siècle, c’est une source d’énergie pour chauffer les édifices, faire fonctionner les appareils et se déplacer.

Dans le passé, le charbon, puis le ­pétrole furent cette source d’énergie. Mais l’extraction des énergies fossiles est source de pollution; leur combustion a fait grimper la concentration de CO2 dans l’atmosphère à plus de 400 ppm. En s’acharnant à développer le pétrole, l’humanité fonce droit vers le mur des changements climatiques catastrophiques.

Alors, pour combler les besoins en ­énergie, il faut innover. Pourquoi notre ­gouvernement tient-il mordicus à développer le pétrole? C’est vivre dans le passé, ou même régresser. Au contraire, les sociétés qui ­feront de la recherche-développement pour trouver les réponses technologiques à nos besoins en énergies renouvelables ­auront une longueur d’avance dans ­l’économie du 21e siècle. Espérons que le gouvernement du Québec sera assez sage pour s’orienter en ce sens!

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