8 janvier 2015 - 00:00
CPE : des parents montent la garde
Par: Le Courrier

Chers parents et membres du personnel du CPE L’Amibulle

Le conseil d’administration tient à vous mentionner sa grande préoccupation quant à la situation actuelle dans laquelle la ministre de la Famille souhaite plonger les parents, le personnel des CPE et surtout, nos enfants. Plusieurs annonces nous amènent à demeurer très attentifs à la façon dont le gouvernement concrétisera sa volonté de diminuer le financement du réseau des CPE et d’en restreindre le développement. Comme le dit l’expression populaire, « le diable se cache dans les détails »!

Comme parents, nous sommes très interpellés par l’augmentation des tarifs annoncée par le ministère de la Famille. Ce dernier souhaite augmenter le tarif sans utiliser une partie de cet argent pour soutenir le réseau ou développer de nouvelles places pour les parents du Québec, lesquels sont encore nombreux à attendre de telles places. L’argumentaire qui sous-tend sa position repose sur le fait que les services devraient être financés proportionnellement aux revenus des contribuables par une modulation du tarif des frais de garde. Or, le financement actuel du réseau des CPE provient en grande partie des impôts que les contribuables paient à chaque année lors de leur déclaration de revenus. Pour reprendre un exemple de Gérald Fillion, chroniqueur spécialisé en économie sur la chaîne d’information RDI, un contribuable qui gagne 20 000 $ par année paie 29 $ d’impôts pour financer directement les services de garde alors que celui qui gagne 150 000 $ en paie 788 $.

Comme parents, nous nous inquiétons aussi que le service soit orienté vers un système « d’utilisateur payeur » qui ferait payer davantage les parents de la classe moyenne, avec une double modulation, mettant fin à l’universalité des services de garde en CPE. Actuellement, notre réseau est financé par l’ensemble des citoyens, qu’ils aient ou non des enfants en services de garde, en vertu du principe que le réseau des CPE répond à une mission sociale essentielle au Québec. Avec des augmentations pouvant représenter entre 800 $ à 2 000 $ par enfant, plusieurs jeunes familles québécoises de la classe moyenne devront faire des choix difficiles qui ne sont pas à l’avantage de la société québécoise.

Comme administrateurs, des enjeux organisationnels nous inquiètent. En effet, le Ministère souhaite que les CPE qui acquerront des installations supplémentaires pour créer des places assument 50 % des frais des nouvelles immobilisations, ce qui est insensé étant donné les coûts reliés à de telles constructions et les coupures des subventions de fonctionnement que le réseau des CPE a dû absorber au fil des ans. Le manque de places en CPE est déjà criant, donc ces nouvelles nous portent à croire que le manque de places de qualité n’est pas près de se résorber.

Comme administrateurs, nous avons été outrés de voir la ministre partir à la guerre des « places fantômes », celle-ci les décrivant comme les journées où les parents gardent leurs enfants à la maison alors qu’ils ont une place à temps plein en installation. À une époque où toutes les familles cherchent l’équilibre entre la famille et le travail ou les études, nous trouvons aberrant de vouloir punir et sanctionner des parents qui souhaiteraient passer du temps avec leur enfant. Le gouvernement va encore plus loin : il songe à imposer au CPE de s’assurer de la présence quotidienne de chaque enfant sans quoi des coupures supplémentaires seraient imposées à l’institution « fautive ». En tant qu’administrateur, nous nous retrouverions dans une position inconfortable de devoir demander à la direction de faire appliquer cette règle à la lettre auprès des parents-utilisateurs afin de préserver le financement. Encore pire, nous avons beaucoup de mal à imaginer la direction d’un CPE devoir faire pression sur le personnel afin d’assurer la présence des enfants ou encore les éducatrices devoir insister auprès des parents sur la présence des enfants plutôt que de contribuer au lien d’attachement entre le parent et son enfant.

À vous parents-utilisateurs, à vous membres du personnel, sachez que les événements récents et l’évolution de la situation nous préoccupent beaucoup. Nous veillerons à défendre la mission du CPE L’Amibulle et refuserons de baisser les bras au nom de tous nos enfants et ceux à venir qui reçoivent et pourront recevoir un service de garde de grande qualité dans un CPE qui préserve sa réputation en ce qui concerne la qualité de ses services. Nous suivons attentivement les actions de l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE), instance nationale de défense du réseau des CPE. L’AQCPE travaille très fort sur le terrain afin de faire reculer le gouvernement sur ses positions. Nous avons notamment accepté d’être l’hôte d’une conférence de presse régionale qui s’est tenue le 10 décembre et qui s’inscrivait dans une initiative nationale, la « Tournée des promesses brisées », afin de dénoncer les attaques du gouvernement envers les familles et inviter la population à se mobiliser.

Le conseil d’administration restera attentif aux décisions à venir afin d’effectuer, comme toujours, les meilleurs choix pour nos enfants, pour les parents et pour les membres du personnel.

Cordialement vôtre, au nom du conseil d’administration,

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