28 juin 2012 - 00:00
Des logements vacants en quantité
Par: Martin Bourassa

À quelques jours de la date fatidique du 1 er juillet, aucune crise du logement n'est anticipée à Saint-Hyacinthe. Les locataires ont encore l'embarras du choix, au grand dam des propriétaires de logements.

Les locateurs contactés par LE COURRIER au cours des derniers jours n’ont pas le coeur à rire. Gilles Tanguay, des Immeubles GF, parle sans détour d’une situation exceptionnelle à Saint-Hyacinthe. « À une semaine du 1 er juillet, il me reste encore une poignée de logements libres, alors qu’habituellement, ils sont tous loués dès le mois de mai. En ce qui me concerne, c’est du jamais vu en 30 ans! », raconte celui qui est à la tête d’un parc immobilier comptant quelque 190 unités.

« Il y a eu un boum en février et mars, puis cela s’est arrêté, c’est bizarre. »Les petites annonces de logements à louer en abondance dans LE COURRIER de Saint-Hyacinthe et Le Clairon sont un signe qui ne ment pas, selon lui, tout comme une petite balade en voiture dans les rues de la ville de Saint-Hyacinthe.« Il y a des pancartes à louer partout! » constate M. Tanguay.Du côté du Groupe Robin, un autre propriétaire immobilier majeur à Saint-Hyacinthe, on remarque aussi une morosité certaine sur le marché maskoutain depuis deux ans.« L’an dernier, on a atteint le fond du baril, commente Nellie Robin. Je dirais à première vue que c’est mieux cette année en comparaison, mais c’est encore difficile. Les locataires se font rares, il n’y a tout simplement pas de demande. »Si l’an dernier elle pouvait pointer du doigt le ralentissement économique pour expliquer la situation, Mme Robin suggère d’autres explications cette année.« Les taux d’intérêt sont encore très bas, ce qui pousse des locataires vers l’achat. Et il y a eu beaucoup de constructions ces dernières années et peu de nouveaux résidants en contrepartie. Saint-Hyacinthe devra améliorer sa force d’attraction sinon les choses n’iront pas en s’améliorant pour les propriétaires de logements. »Fait à signaler, Mme Robin considère que la demande n’est pas la même pour ce qui est des appartements d’une chambre et les studios. « Auparavant, nous étions confrontés à une pénurie chronique de 4 et de 5 et demi à Saint-Hyacinthe, alors que cette année, ce sont les studios, les 2 et les 3 et demi qui sont en demande. Il y a eu un renversement du marché, c’est assez particulier », confie celle qui dit aussi subir les contrecoups de la grève étudiante au cégep de Saint-Hyacinthe.« La grève fait mal, les étudiants retardent la location, car ils ne savent pas trop quand les cours vont reprendre. L’incertitude n’arrange pas les choses. »Du côté des Immeubles Duval, particulièrement actif du côté du logement étudiant, on ne se préoccupe pas trop de ce qui se passe au cégep pour l’instant.« Chez nous, l’activité est normale pour ce temps-ci de l’année, il n’y a rien à signaler », témoigne Caroline Lizotte, gestionnaire d’un parc d’une vingtaine d’immeubles.

Les statistiques

Selon le plus récent rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) sur l’état du marché locatif maskoutain, ce dernier serait pourtant à l’avantage des propriétaires. Les données compilées au printemps indiquent un taux d’inoccupation de 2,1 % pour l’ensemble des appartements, peu importe leur nombre de chambres. Un marché considéré en équilibre affiche un taux de 3 %.

Le taux d’inoccupation des 5 pièces et demie pour 2012 n’apparaît pas dans les statistiques, ce qui affecte le résultat final. Les données 2012 témoignent toutefois d’une plus grande disponibilité de logements libres depuis un an à Saint-Hyacinthe.Le taux d’inoccupation est passé de 1,9 % à 2,1 % au cours de la dernière année.L’enquête de la SCHL révèle aussi que le loyer moyen a subi une légère baisse depuis un an, particulièrement dans le marché des quatre pièces et demie, dont le loyer moyen mensuel est passé de 578 $ à 568 $, en baisse de 10 $.Du côté des cinq pièces et demie, on note une baisse 3 $, pour se situer à 639 $.Gilles Tanguay accueille ces statistiques avec un grain de sel. « Ces chiffres ne correspondent pas à la réalité du marché. Je suis convaincu que le taux d’inoccupation est beaucoup plus élevé que 2,1 % actuellement. Suffit de se promener en ville! »

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