20 août 2015 - 00:00
Bibliothèque T.-A.-St-Germain
Flash sur la Terrasse du Patro
Par: Sarah Daoust Braun
Cette photo, prise par la locataire-chercheuse Alba, montre le privilège d’avoir une cour arrière où les enfants peuvent jouer et où on peut recevoir des invités. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Cette photo, prise par la locataire-chercheuse Alba, montre le privilège d’avoir une cour arrière où les enfants peuvent jouer et où on peut recevoir des invités. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Cette photo, prise par la locataire-chercheuse Alba, montre le privilège d’avoir une cour arrière où les enfants peuvent jouer et où on peut recevoir des invités. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Cette photo, prise par la locataire-chercheuse Alba, montre le privilège d’avoir une cour arrière où les enfants peuvent jouer et où on peut recevoir des invités. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Après huit semaines à prendre des ­photos pour documenter leur quartier et ses alentours, 11 locataires-­chercheurs de la Terrasse du Patro à Saint-Hyacinthe sont fin prêts à ­présenter leurs résultats avec l’exposition Flash sur mon quartier! à l’affiche à la Bibliothèque T.-A.-St-Germain.

Cette initiative est née d’un projet réalisé par le Laboratoire de recherche sur la santé Vitalité de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) qui s’intéresse à l’environnement résidentiel et le bien-être dans les habitations à loyer modique (HLM).

L’équipe de recherche, en collaboration avec l’Office municipal d’habitation de Saint-Hyacinthe, est donc entrée en contact avec 11 locataires. Ces derniers avaient comme mission, à l’aide de la méthode photovoice, de déterminer ­collectivement les aspects de leur milieu de vie positifs et négatifs qui influencent leur bien-être.

« Le photovoice consiste à prendre des photographies plutôt que de remplir un questionnaire, faire des entrevues, ou une méthode de recherche plus standard. C’est vraiment de la recherche participative. Les participants deviennent des chercheurs à part entière », explique ­Marjolaine Gascon-Depatie, assistante de recherche et étudiante au doctorat en psychologie communautaire à l’UQÀM.

À la fin du printemps, les locataires-chercheurs, parmi lesquels on compte un homme, une jeune fille de 19 ans et plusieurs femmes issues de différentes communautés culturelles, devaient chaque semaine prendre des photos de leur environnement. Ils choisissaient ensuite les deux photos qu’ils considéraient comme les plus significatives et en discutaient en groupe. « Le but n’était pas que les gens prennent de belles photos, que ce soit nécessairement esthétique. C’était ­vraiment de répondre à la question de ­recherche pour passer un message aux gens du quartier, aux décideurs : voici ce qui nous fait du bien, voici ce qui nuit à notre bien-être dans le quartier », indique Mme Gascon-Depatie.

Sur plus de 150 photos prises, une ­cinquantaine sont exposées à la ­bibliothèque et sont regroupées en six thèmes comme « Une communauté qui me fait grandir » et « Ensemble, mettons l’accent sur la sécurité et la propreté ».

« On a vu que l’enjeu de la sécurité est sorti très rapidement, comme la question de la circulation dans les rues pour les enfants, du trou dans la clôture qui donne accès au chemin de fer, de ceux qui ne ramassent pas leur mégot de cigarette à côté de leur cendrier », précise l’étudiante.

Le pouvoir de la mobilisation

Avec Flash sur mon quartier!, l’équipe de recherche espère donner aux résidents de la Terrasse du Patro du pouvoir sur leur vie et sur leur quartier. Ce concept se nomme empowerment en psychologie communautaire.

« C’est sûr qu’ultimement le but est de leur donner une expérience positive de mobilisation citoyenne. On espère qu’il y aura des suites, on ne veut pas que ça se finisse après l’exposition. On va ­continuer de soutenir les locataires-chercheurs pour trouver des pistes d’action », assure Marjolaine Gascon-Depatie.

Le projet de recherche a d’ailleurs ­permis aux participants de renforcer leurs liens avec la communauté. « Ils n’ont pas nécessairement la chance d’avoir l’écoute de la communauté plus large. Là, on leur dit que c’est important ce qu’ils ont à nous dire et qu’il y en a d’autres qui veulent les entendre, et ça c’est rare. Cela leur redonne confiance en eux, en leur valeur, en ce qu’ils ont à dire », ajoute Stephanie Radziszewski, également assistante de recherche et ­étudiante au doctorat en psychologie communautaire.

En se basant sur leurs observations, les deux étudiantes ont remarqué que les photos des résidents montraient des ­aspects de leur quotidien autant positifs que négatifs. « C’est plus facile à la base de démontrer ce qui nous plaît moins, mais il y avait clairement un désir des locataires-chercheurs de montrer que la Terrasse du Patro n’était pas un ghetto, qu’il y a des points très lumineux dans l’endroit où ils vivaient », précise Mme Gascon-Depatie.

Le projet Flash sur mon quartier! se poursuivra à l’automne avec les locataires-chercheurs qui se rencontreront pour établir des pistes d’action sur les points à améliorer et qui devront ­remplir une grille quantitative de leur quartier. La recherche, qui s’est aussi ­intéressée aux habitations Séguin à Pointe-aux-Trembles l’hiver dernier, se prolongera sur plusieurs années.

L’exposition Flash sur mon quartier! est à l’affiche jusqu’au 27 août à la Bibliothèque T.-A.-St-Germain. Le vernissage a lieu le 21 août de 16 h à 19 h.

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