20 septembre 2018 - 00:00
Gaz de schiste et puits fuyants dans notre région
Par: Le Courrier

En avril, Guy Rochefort et Gérard Montpetit ainsi que moi-même rencontrions André Charron, directeur général de notre MRC, pour demander à rencontrer les membres du conseil et discuter de ces deux sujets d’importance que sont les puits fuyants et les gaz de schiste, et ce, avant les élections du 1er octobre.


Nous n’avons pu avoir cette possibilité de rencontre entre mai et septembre et, à la réunion du 12 septembre, Francine Morin, notre préfet, nous a dit que cela pourrait se faire en janvier 2019.

À la grandeur de notre MRC, il se trouve des dizaines, peut-être une centaine ou plus de puits ayant rendu du gaz, alors que la liste officielle nous dit 23. L’histoire locale veut que plusieurs puits forés pour obtenir de l’eau potable aient plutôt produit du gaz méthane pendant des mois, voire des années. Combien? On n’en sait trop rien. Par ailleurs, les puits forés depuis le début du XXe siècle par les compagnies spécialisées et SOQUIP pour trouver du gaz naturel n’en donnaient jamais suffisamment pour en faire une exploitation rentable. C’était alors sans compter sur la fracturation hydraulique, sa technologie explosive et ses produits chimiques et autres.

Il nous reste à savoir si tous ces puits ont fait l’objet d’un réel enregistrement auprès des instances gouvernementales concernées. Quoi qu’il en soit, une fois fermés, ils sont devenus la responsabilité de l’état québécois. L’autre question à laquelle les élus et la population maskoutaine seraient en droit d’avoir une réponse, c’est combien de tous ces puits déclarés ou pas fuient vraiment?

On se rappellera que les fonctionnaires du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) déclaraient conformes et sécuritaires des puits qu’ils n’avaient pourtant jamais trouvés sur le terrain. On se rappellera également que le MERN du gouvernement en place a retiré le mandat donné à des chercheurs bénévoles de groupes environnementaux qui trouvaient plus de puits, dont plusieurs perdant du gaz.

 Le gaz méthane a une durée de vie de quelque 300 ans et, au bilan global, serait entre 20 et 25 fois plus agressif que le dioxyde de carbone (CO2) dégagé par la combustion de nos hydrocarbures comme gaz à effet de serre (GES).

Pour avoir rencontré les représentants des compagnies qui voulaient développer l’industrie gazière à Saint-Marcel-de-Richelieu, nous avons appris beaucoup de choses. Voici ce que nous aurions été susceptibles d’avoir :

1- des sites d’exploitation aux 2 km les uns des autres;
2- environ huit puits horizontaux de 1 km de longueur par site et par étage de forage, car il faut savoir que l’exploitation du gaz de schiste peut se faire sur plusieurs étages selon l’épaisseur de la roche à fracturer;
3- un grand besoin d’une quantité industrielle d’eau propre que nous n’avons pas suffisamment dans nos cours d’eau et réseaux d’aqueduc pour les opérations de forage et de fracturation hydraulique et, en retour, une quantité industrielle d’eau sale et contaminée que nous ne pouvons pas traiter à même nos unités sanitaires;
4- le passage incessant sur nos chemins de centaines de camions-citernes lourdement chargés ainsi que le bruit continuel procuré par toutes ces activités dans nos milieux ruraux très agricoles et peu boisés;
5- l’installation dans nos terres cultivées et drainées souterrainement d’un réseau très ramifié de gazoducs pour relier tous ces sites d’exploitation à des sites d’entreposage ou de traitement, puis à des lieux de consommation.

Quel avenir?

Présentement, deux des principaux partis politiques en lice, soit le Parti libéral du Québec de M. Couillard, qui se garde une « petite » marge pour que cela puisse se faire jusque dans nos plans d’eau, et la Coalition Avenir Québec de M. Legault, prêt à relancer l’exploitation du pétrole de schiste sur l’île d’Anticosti, seraient tout ce qu’il y a de plus ouverts, on peut le croire, à soutenir le développement de l’industrie gazière dans nos terres arables, à proximité immédiate de nos milieux de vie et de travail, avec tout ce que cela peut comporter comme problèmes à court, moyen et long terme.

Est-ce vraiment cela que nous voulons pour nous-mêmes et les générations à suivre?

Yvon Pesant,
Saint-Marcel-de-Richelieu

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