30 janvier 2014 - 00:00
Gicleurs obligatoires : du pour et du contre
Par: Maxime Prévost Durand
Au lendemain du drame survenu à L'Isle-Verte, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Réjean Hébert, affirmait haut et fort que la réflexion de son gouvernement ne porte plus sur la pertinence d'obliger les résidences pour aînés à avoir des gicleurs, mais plutôt « sur le comment ».

On se dirigerait donc vers l’obligation des gicleurs dans ces résidences. « Il faut voir comment on change la réglementation pour les nouvelles résidences qui se construisent et comment on fait le rattrapage de la réglementation pour celles déjà en service », soutenait M. Hébert.

Un peu plus de la moitié des résidences privées pour aînés n’ont aucun système de gicleurs au Québec. C’est donc dire que la grande région de Saint-Hyacinthe se situe sous la moyenne provinciale avec 33 % des résidences possédant au moins partiellement un système de gicleurs, dont 27 % en totalité.Daniel Dubois, chef du SSI de Saint-Hyacinthe, estime que les coûts dispendieux découragent la plupart des exploitants à installer des gicleurs. « Les gens voient souvent les choses de cette façon : c’est mettre beaucoup d’argent pour un « au cas où ». » Les dépenses varient beaucoup selon lui, alors que plusieurs critères entrent en ligne de compte, à savoir s’il s’agit d’une nouvelle construction ou d’un vieux bâtiment, ainsi que le nombre de chambres de la résidence.Selon Normand Racine, président de la résidence St-Thomas-d’Aquin, et Marielle Leroux Desfossés, présidente de la résidence La Seigneurie, obliger toutes les résidences à installer des gicleurs risque de compromettre la survie d’un nombre incalculable de ressources d’hébergement, dont les plus petites résidences comme les leurs, qui accueillent une vingtaine de personnes.« J’ignore les coûts que ça représenterait, mais je peux vous dire que ça pourrait faire la différence entre la survie ou non des petites résidences », indique M. Racine. Mme Desfossés abonde dans le même sens, spécifiant qu’au final, ce sont les résidents qui devront payer la note. « C’est très dispendieux. Va-t-on augmenter le loyer mensuel pour les résidents qui ont souvent déjà de la difficulté à payer? Parfait, si le gouvernement veut fermer beaucoup de résidences… »Même si elle a déjà étudié cette question, Mme Desfossés ne voit pas la nécessité des gicleurs pour sa résidence puisque les pompiers s’y rendent en seulement trois minutes. « Là-bas (à L’Isle-Verte), ça a pris 15 minutes avant que les pompiers arrivent et il s’agissait de pompiers volontaires. » Elle juge donc tout à fait démesurée toute l’ampleur du débat entourant l’obligation des gicleurs.M. Racine dit respecter toutes les normes actuelles et posséder tous les équipements nécessaires afin d’être une résidence certifiée. « Je ne crois pas que le ministre [Hébert] se fera beaucoup d’amis dans les petites résidences. Ce n’est pas parce qu’il y a eu incendie, un drame j’en conviens, qu’on doit absolument changer toutes les règles. Il devra y avoir des consultations avant ça », conclut-il.

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