23 juin 2016 - 00:00
Humain contre nature
Par: Le Courrier

Depuis le début de l’humanité, notre espèce essaie de contrôler son environnement afin de mieux survivre dans une nature parfois hostile. Vent, froid, sécheresses, inondations, tornades, tsunamis, séismes, verglas, ouragans, cyclones et compagnie n’ont jamais pu être contrôlés par l’homme.

Depuis plus d’un siècle maintenant, l’humain a appris à utiliser les hydrocarbures afin de se chauffer, de se déplacer et de se vêtir. Il a développé à partir du pétrole de nombreuses applications pratiques afin d’améliorer son confort. On a qu’à penser à tous ces objets de plastique que l’on retrouve dans nos maisons ou dans nos hôpitaux par exemple. Mais voilà qu’on s’aperçoit que les méthodes d’extraction utilisées pour sortir le pétrole et le gaz du sous-sol, ainsi que l’utilisation que nous en faisons, donnent aussi des répercussions inattendues. Tremblements de terre, pollution de l’eau, de l’air et du sol où l’on rejette nos résidus, problèmes de santé pour n’en nommer que quelques-uns. Nos gouvernements tentent de nous rassurer en prétextant offrir une protection contre ces réactions de la nature en promulguant des lois qui se veulent les plus sévères au monde. Comme si une loi écrite sur un bout de papier avait une influence sur un tremblement de terre ou une inondation.

M. Arcand vient de déposer un projet de loi qui ouvrira la porte à l’exploitation des hydrocarbures au Québec. À l’heure même où partout sur la planète on bouge afin de réduire notre consommation mondiale, nous, ici, bien protégés par une loi écrite sur un bout de papier, nous nous lançons dans cette grande illusion qu’est la richesse créée par l’exploitation du pétrole. Bravo à nos maîtres illusionnistes, présentement au gouvernement, qui s’acharnent à nous en mettre plein les yeux. On se sert d’arguments creux tels que l’austérité afin de faire valoir l’impossible réalité économique de ce développement. On veut créer de la richesse, mais pour qui? Pour des actionnaires qui se dépêcheront ensuite de camoufler leur butin bien à l’abri dans les paradis fiscaux connus de tous? Belle richesse! Si pour une seule fois on avait l’honnêteté de mettre publiquement tous les éléments de ces développements dans la balance, on verrait que les faibles revenus publics de ces industries extractives ne font pas le poids des coûts engendrés par les effets des changements climatiques.

Les citoyens qui occupent le territoire resteront, eux, avec les effets. Qu’on ne vienne surtout pas nous dire qu’on contrôlera les processus en les encadrant des meilleures pratiques. Ce gouvernement n’a même pas la colonne pour remédier à l’immense gâchis que constituent les sites de forage abandonnés.

Qui nourrira la population quand la culture de nos champs sera rendue impossible sinon très pénible? Les Pétrolia et Squatex de ce monde?

N’allons surtout pas penser que ce pétrole sera pour les Québécois. Les raffineurs de l’Est du Canada continueront de s’approvisionner sur les marchés les moins chers et nos petits producteurs québécois ne pèseront pas lourd dans la balance concurrentielle.

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