10 janvier 2013 - 00:00
Abattoir Levinoff-Colbex
Investissement gagnant pour les producteurs
Par: Jean-Luc Lorry
Au premier plan, Claude Viel, président de la Fédération des producteurs de bovins du Québec accompagné d'Yvon Boucher, représentant des producteurs de bovins au conseil d'administration de la Fédération de la Montérégie de l'UPA.

Au premier plan, Claude Viel, président de la Fédération des producteurs de bovins du Québec accompagné d'Yvon Boucher, représentant des producteurs de bovins au conseil d'administration de la Fédération de la Montérégie de l'UPA.

Au premier plan, Claude Viel, président de la Fédération des producteurs de bovins du Québec accompagné d'Yvon Boucher, représentant des producteurs de bovins au conseil d'administration de la Fédération de la Montérégie de l'UPA.

Au premier plan, Claude Viel, président de la Fédération des producteurs de bovins du Québec accompagné d'Yvon Boucher, représentant des producteurs de bovins au conseil d'administration de la Fédération de la Montérégie de l'UPA.

La Fédération des producteurs de bovins du Québec (FPBQ) assure que ses membres sont loin d'avoir perdu leurs chemises dans la faillite de l'abattoir Levinoff-Colbex où ils ont investi jusqu'à 36 M$.

Étranglé financièrement six ans après avoir été acquis par la FPBQ, le plus important abattoir de la province a fermé ses portes fin mai. Il se retrouve aujourd’hui dans la mire du Vérificateur général du Québec qui pourrait enquêter sur les circonstances entourant cette acquisition payée 62,5 M$.

En plus des engagements financiers des producteurs de bovins, la FPBQ avait réussi à obtenir un prêt de 19,5 M$ auprès d’Investissement Québec. La Fédération souhaite obtenir quittance de cette créance. La balance du financement provenait des profits réalisés par l’abattoir.Le président de la FPBQ, Claude Viel explique que cette acquisition avait permis aux producteurs de bovins d’obtenir un prix raisonnable pour leurs vaches de réforme lors de la crise de la vache folle.« Il faut se souvenir que lorsque la crise de l’ESB éclate en Alberta en 2003, c’est plus de 35 pays qui ont fermé leurs frontières au boeuf canadien. Le prix des bovins de réforme a alors chuté de 70 % », indique Claude Viel en entrevue au COURRIER.« Pendant la crise, les producteurs pouvaient espérer entre 250 à 300 $ pour leurs bovins. En faisant affaire avec l’abattoir Levinoff-Colbex, ils ont obtenu 600 $ par vaches. Lors la première année d’exploitation, 30 M$ ont ainsi été retournés dans les poches des producteurs », explique Yvon Boucher, représentant des producteurs de bovins au conseil d’administration de la Fédération de la Montérégie de l’UPA.La direction de la FPBQ était de passage à Saint-Hyacinthe dans le cadre d’une tournée effectuée auprès des différentes fédérations de l’UPA pour répondre aux questions et expliquer ce dossier complexe.

Dans le rouge

Situé à Saint-Cyrille-de-Wendover, l’abattoir Levinoff-Colbex employait environ 300 personnes et pouvait réaliser jusqu’à 150 M$ de chiffre d’affaires.

Ses états financiers indiquent que les revenus se chiffraient à 120 M$ en 2006 (année de l’acquisition) permettant d’entrevoir un bénéfice net de 6,2 M$. Les années suivantes, les revenus réalisés ont été en dents de scie et l’entreprise s’est retrouvée dans le rouge à plusieurs reprises. En 2011, les pertes ont atteint 8,9 M$.Les responsables de la FPBQ expliquent les déficits répétés par un environnement d’affaires difficile.« Dès l’ouverture des frontières en 2007, la misère a commencé pour nous. Nous nous sommes retrouvés en compétition avec des mégas abattoirs américains. La parité avec le dollar US a aussi joué contre nous », mentionne M. Viel.Aujourd’hui, 80 % des bovins de réforme sont abattus à l’extérieur du Québec. La moitié de ce pourcentage prend la direction des États-Unis et l’autre celle de l’Ontario.Pour le moment, la FPBQ ne souhaite pas spéculer sur les raisons qui motivent Québec à vouloir enquêter sur cette vente qui a fait couler beaucoup d’encre. Rappelons que l’abattoir Levinoff-Colbex appartenait aux frères Cola reconnus comme de généreux donateurs du Parti libéral.« C’est de la petite politique. Je me considère en dehors de cette histoire. Pour l’instant, il n’a pas été prouvé que nous aurions payé 10 M$ de trop », estime le président de la FPBQ.L’avenir de l’abattoir est entre les mains d’un séquestre-administrateur qui tente de trouver un acheteur. Selon la FPBQ, quatre offres auraient été déposées, mais aucune de retenue.

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