3 mai 2012 - 00:00
Audi S6 et S7
La puissance comme enjeu
Par: Marc Bouchard

(Munich, Allemagne) – La Audi A7 a un look bien à elle. Celle que l’on a vue apparaître l’année dernière chez les concessionnaires a conquis bien des coeurs. Même si, au départ, la notion même de grosse Audi luxueuse à hayon peut faire sourire. L’exécution est sans reproche, et la voiture tellement agréable en conduite qu’on ne peut que l’apprécier.

Même chose du côté de la A6, une grande berline de luxe, refaite au cours des derniers mois, mais rejoignant tous les éléments auxquels on s’attend d’une telle voiture. En fait, si ce n’était de la silhouette un tantinet anodine (attention, elle est jolie, mais attire bien peu l’attention), la Audi A6 serait elle aussi au sommet de son art.

Compte tenu de ces propos, de ces constatations, quelqu’un peut m’expliquer pourquoi on a cru bon de créer une version S de ces deux véhicules? Car le nom, comme le nom peut l’indiquer aux plus perspicaces d’entre vous, signifie sport. On voit donc apparaître deux véhicules plus puissants, plus dynamiques, mais sans autres grands changements notables.

Affaire de style

En matière d’esthétique par exemple, rien de bien exceptionnel. Les deux voitures ressemblent à s’y méprendre à leurs consoeurs plus régulières, à l’exception comme il se doit d’applique portant le logo S, et d’un discret, mais bien présent, V8T apposé sur les côtés de la voiture.

Heureusement, dans l’habitacle, les changements sont plus spectaculaires, et nettement plus affirmés. Je suis, par exemple, définitivement un fan des sièges sport à surpiqûres en forme de losange. Foncé, les surpiqûres sont pâles et le contraire évidemment, dans le cas inverse. La grande beauté cependant réside dans le matériau utilisé, en option, pour certaines finitions. Simplement expliqué, il s’agit de plaques de bois foncé collées l’une sur l’autre, et entrecoupées parfois de minces feuilles d’aluminium. Une fois ce mille-feuille assemblé, on en tranche de minces feuilles qui deviennent les appliqués du tableau de bord et de la console centrale. Cette finition vaut le coup d’oeil, sans aucun doute. Quant au reste de l’habitacle, il s’inscrit dans la volonté Audi : spacieux, bien conçu, bien adapté… si ce n’était de ce désagréable et horripilant bouton de Audi MMI, le système multimédia logé au centre de la console et dont la manipulation, malgré des efforts remarquables de simplification des ingénieurs, n’a toujours rien d’agréable. En fait, le problème c’est que son utilisation requiert trop souvent que l’on quitte la route des yeux, ce que l’on ne veut pas en Audi S6…

Sous le capot

Attention, avertissement. Les propos mentionnés ici risquent de choquer les apôtres de la conduite québécoise. Car rappelez-vous que cet essai s’est déroulé en Allemagne, à Munich, en grande partie sur l’Autobanh, là où les limites de vitesse sont parfois inexistantes.

Et quand ces limites élevées se conjuguent à un moteur V8 biturbo de 420 chevaux et d’une boîte automatique à double embrayage à 7 rapports comme c’est le cas des Audi S (les deux partagent la même motorisation), vous imaginez que ma sagesse légendaire a fait un peu de place à mon petit côté rebelle, qui n’a cependant jamais oublié la sécurité. Second avertissement : sachez qu’en Allemagne, si vous n’y êtes jamais allés, les automobilistes qui roulent moins vite se retrouvent réellement dans la voie de droite. Et si quelqu’un vous voit arriver à grande vitesse dans son rétroviseur, il ne tente pas de vous ralentir… il vous cède le passage 300 ou 400 mètres d’avance. Ce civisme permet donc de se sentir en sécurité, même à des vitesses moins courantes. Premier constat : la Audi S6 et sa soeur S7 ont des accélérations agréables, puissantes, mais pas à s’en décrocher la mâchoire. En fait, ce n’est pas tellement la vitesse qui compte, mais plutôt la sensation toute délicate d’accélérer sans jamais se faire écrabouiller. L’insonorisation de l’habitacle et la tenue exceptionnelle des suspensions (que l’on peut aussi mettre en mode sport) n’y sont pas étrangères. Puis, une fois lancée, la voiture file à vive allure sans jamais hésiter. Pour être tout à fait franc, j’ai atteint ma limite avant celle de la voiture, limitée électroniquement à 250 kilomètres à l’heure. Je ne voyais pas l’utilité d’aller plus vite. J’ai pu aussi mettre à l’épreuve la direction (un peu lourde à basse vitesse, mais d’une précision chirurgicale autrement) et les freins, surtout ceux en céramique qui, peu importe votre vitesse, donnent l’impression de vous attraper au vol tellement l’arrêt est brusque, mais dosé.

En résumé

Je l’ai dit, j’ai joué au rebelle, et me suis follement amusé. Mais la question demeure : pourquoi des voitures aussi puissantes, alors que les soeurs plus réservées font le même boulot? Une partie de la réponse réside sans doute dans le discours du directeur des ventes : 80 % des S7 devraient se retrouver en Chine… et quelques-unes seulement chez nous.

Alors amateurs d’exclusivité, à vous l’honneur.

Forces :

– Moteur puissant – Finition sans reproches – Habitacle de qualité

Faiblesses :

– Direction lourde – Prix – Système multimédia

Fiche technique :

Moteur : 4,0 l TFSI V8 bi-turbo Puissance : 420 chevaux Couple : 405 livres-pied Transmission : double embrayage 7 rapports Freins : composite optionnel Entraînement : traction intégrale Quattro Prix : TBD

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