25 octobre 2012 - 00:00
Boulevard Casavant Ouest
L’appui à l’option « tunnel » s’amplifie
Par: Le Courrier

Le mouvement favorable à la construction d'un tunnel ferroviaire à la jonction des deux segments du boulevard Casavant Ouest n'a pas faibli lundi soir, au Collège Saint-Maurice, durant la troisième et dernière séance d'information tenue par la Ville de Saint-Hyacinthe dans le dossier.

Qu’il s’agisse de la Chambre de commerce et de l’industrie Les Maskoutains ou de l’Union des producteurs agricoles (UPA), des groupes influents se sont exprimés cette fois par le biais de leurs représentants, et tous ont prêché en faveur du tunnel comme solution à la traverse des voies ferrées du Canadien National (CN) devant un auditoire d’environ 125 personnes.

Le député péquiste de Saint-Hyacinthe à l’Assemblée nationale, Émilien Pelletier, y est aussi allé de son grain de sel, prédisant entre autres un regain de popularité du transport par train en raison de ses avantages sur le camion. « Le transport ferroviaire va retrouver ses lettres de noblesse. Si on a une vision à long terme, il faut y aller avec le tunnel », a-t-il soutenu. Parlant du financement de ce projet estimé à 28,7 millions $, il a rappelé que la Ville, du temps où il était conseiller, était parvenue à éliminer sa dette et à abaisser le taux de la taxe foncière de 1,49 $ à 0,80 $ sur une période assez courte. « De la façon dont on a réparti les paiements sur 20 ans, c’est comme si la Ville allait arrêter de croître. Mais il y aura des revenus qui vont venir en contrepartie » a signalé le député Pelletier, avant d’aborder la possibilité d’une subvention pour le tunnel. « Si on démontre qu’il y a un avantage économique, on peut se qualifier pour le « volet 2.1 » du PIQM (Programme d’infrastructures Québec-municipalités) », a-t-il annoncé, aussitôt applaudi.

La Chambre

Des applaudissements ont fusé très souvent, entre autres après l’intervention du président de la Chambre de commerce, Claude Corbeil. Il a expliqué que la Chambre avait consulté ses membres sur le dossier Casavant en leur demandant : « Tunnel ou passage à niveau : votre opinion SVP ».

« Les trois-quarts souhaitent la construction d’un tunnel. Ils appuient leur position sur le développement à long terme », a indiqué M. Corbeil. Il a précisé que ceux qui optent pour le passage à niveau le font en raison du coût élevé de l’autre option et de son impact sur le compte de taxes. Mais il a ajouté que la majorité des membres du conseil d’administration étaient en faveur du plan « tunnel » et que plusieurs n’y voyaient pas une dépense, mais un investissement.« On a investi 23 millions $ dans le projet du boulevard Casavant depuis 2004 et il reste 400 mètres à compléter au coût de 28,7 millions $. Je comprends mal, quand on est en affaires, qu’on puisse penser ne pas finir le dernier bout », a-t-il lancé.

La traverse du Grand rang

Durant son exposé sur le projet Casavant et les scénarios examinés, le directeur général de la Ville de Saint-Hyacinthe, Louis Bilodeau, a rappelé que l’aménagement d’un passage à niveau sur Casavant entraînerait automatiquement le démantèlement de celui du chemin Grand Rang.

Selon les normes en vigueur en cette matière, les deux passages à niveau se trouveraient trop près l’un de l’autre. Dans ce cas, le tronçon du Grand Rang compris entre Casavant et les voies ferrées se terminerait en cul-de-sac, tout comme l’autre segment du Grand Rang.Mais la construction d’un tunnel ne rendrait pas obligatoire l’élimination du passage à niveau du Grand Rang même s’il est jugé dangereux, a précisé M. Bilodeau. « Les membres du conseil ont acquis la conviction qu’il est non sécuritaire, qu’il est même dangereux avec son angle de 15˚ tout au plus. Du côté du CN, c’est vu davantage comme une question de volonté politique du milieu », a expliqué M. Bilodeau.Chose certaine, l’UPA, qui a choisi l’option tunnel, rejette par contre l’idée de transformer le Grand Rang en deux culs-de-sac. « Pour l’UPA, le tunnel est beaucoup plus avantageux et nécessitera l’utilisation de moins de terres agricoles. Mais vous devez garder le passage à niveau du Grand Rang dans l’intérêt des agriculteurs », a fait savoir le président du Syndicat de l’UPA de la Vallée maskoutaine, André Mousseau.Jeannot Carron croit lui aussi que de démanteler le passage à niveau du Grand Rang serait une erreur. Il suggère que sa configuration soit simplement modifiée pour le rendre sécuritaire. Jonathan Robin, du Groupe Robin, croit aussi à la nécessité de maintenir la traverse à niveau du Grand Rang une fois le tunnel réalisé. Il n’aime pas l’idée d’un grand détour vers le nord pour rejoindre l’autoroute 20, d’autant plus que la CPTAQ rejette l’idée d’un lien entre le boulevard Casavant et la rue Pinard à même le territoire agricole.Il craint que la ville sous-estime l’ampleur du développement résidentiel que le secteur Douville connaîtra dans les prochaines années. « Quand je regarde ça, c’est près de 1 000 unités de logement qui vont s’ajouter, 120 millions $ d’évaluation, 1 million en taxes. Donc là, en tenant compte de l’achalandage, est-ce que ça prend un tunnel ou un passage à niveau? » a-t-il questionné.À propos du coût de construction du tunnel, Rosaire Martin a signalé qu’au cours des années 2009, 2010 et 2011, ce sont 6 235 000 $ que la Ville a accordés en crédit de taxes sur les constructions neuves. « Avec tous les crédits que vous donnez, vous l’avez votre financement », a-t-il lancé. « On va arrêter ça là, on a trouvé l’argent! », lui a fait écho André Arpin.Pour André Brochu, des Galeries St-Hyacinthe, le tunnel est un incontournable. « Ça fait 40 ans qu’on attend, on est prêt à attendre deux ans encore pour avoir un tunnel. Le boulevard Casavant est essentiel au développement du commerce de détail », a-t-il déclaré.L’ex-conseiller André Gagnon, qui a assisté à toutes les séances et longuement discouru chaque fois, a lui aussi parlé d’une longue attente. « Ça fait 42 ans que je travaille sur ce projet-là: donnez-moi encore deux minutes », a-t-il lancé à la modératrice, Joëlle Jetté, lorsqu’elle lui a demandé d’abréger…La seule intervention en faveur du passage à niveau est venue de Louis Gagnon, qui demeure à Douville depuis 25 ans et qui dit n’avoir jamais souffert du passage des trains dans le Grand Rang. « Combien de projets seront mis de côté à cause de ça (le tunnel)? », a-t-il demandé à la toute fin.

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