13 février 2014 - 00:00
L’autocompassion pour prévenir les idées suicidaires
Par: Le Courrier

Comme citoyenne, j’aimerais contribuer à ma façon et avec ma différence à la prévention du suicide. Voici.

Il y a 48 ans de cela, on retrouvait le corps de ma mère inanimé dans une chambre d’hôtel de la région. Mon frère jumeau et moi n’avions que 6 ans à époque. Pendant des années, nous avons voulu savoir ce qui s’était passé avec ma mère pour que nous la retrouvions morte à 42 ans, seule et isolée dans une autre chambre que la sienne alors que ses enfants dormaient tranquille à la maison. Chaque fois que nous posions des questions à ce sujet, on sentait un malaise chez les adultes et dans l’entourage. Dans ce temps-là, on ne parlait pas de suicide et c’était caché. Quelques années plus tard, quelqu’un de l’extérieur de la région nous a donné la réponse : elle s’est suicidée. Comment me suis-je sentie en apprenant la nouvelle? Je me disais que personne ne devrait mourir seul et isolé dans un univers qui n’est pas le sien. Que je devrais vivre toute ma vie avec l’absence de raison. Et porterai toujours consciemment en moi les sentiments d’un enfant endeuillé.À 55 ans, je ne crois pas posséder LA VÉRITÉ, mais j’aimerais dire à tous ceux et celles qui souffrent en silence en ce moment d’être ouverts à l’autocompassion. Pourquoi? Parce que, l’autocompassion est bénfifique pour la santé mentale. Qu’est-ce que l’autocompassion? C’est la même chose que la compassion, sauf que c’est le destinataire qui change. Que l’autocompassion n’est pas une émotion, mais une attitude concernant sa propre souffrance. La première fois que j’ai entendu parler d’autocompassion, c’est lorsque j’ai assisté à une conférence sur le calme mental offerte par un moine tibétain. La compassion envers soi-même comprend la bienveillance, la reconnaissance de son humanité et la pleine conscience. La bienveillance équivaut à respecter son histoire, accueillir sa souffrance au lieu de la banaliser, la ridiculiser, la juger ou la rationaliser. C’est aussi accepter ses limites comme être humain, s’offrir de la douceur, reconnaître sa fragilité, surtout vous les hommes. Les hommes comptent pour 75 % des décès par suicide. Être bienveillant, ça veut aussi dire être bon pour soi dans des moments difficiles que ce soit au travail, en amour ou en affaires. Reconnaître son humanité, c’est accepter, admettre et constater que notre comportement, nos erreurs, notre fonctionnement peuvent avoir été influencés par notre environnement, notre éducation et notre histoire personnelle. Cette reconnaissance aide à nous pardonner et à vouloir nous offrir davantage de tendresse et d’affection pour nous-mêmes. Le rôle de la pleine conscience, celui de nous pousser à l’action vers une autre direction : le mieux-être. Nous sommes nombreux dans ce monde à souffrir et à être durs envers nous-mêmes. La preuve. Selon le rapport de l’Organisation mondiale de la santé de 2012, il est mentionné qu’environ 1 million de personnes meurent chaque année de suicide. Autre information, il y aurait eu plus de soldats qui se sont suicidés pendant la guerre en Irak que de militaires qui sont morts au combat. En lisant sur le sujet, j’ai aussi appris que des chercheurs ont réussi à démontrer que le taux de suicide est plus élevé chez les personnes qui manquent de compassion envers eux-mêmes que ceux qui celles qui en ont. Quand on réalise tous les bienfaits de l’autocompassion, on ne peut faire autrement qu’encourager l’enseignement de l’autocompassion. Pour ceux et celles qui désirent approfondir sur le sujet voici deux excellents livres : Comment se réconcilier avec soi-même, de l’auteure Kristin Neff et L’autocompassion de Christopher K. Germer.

Marlène Dubé

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