30 août 2012 - 00:00
Le changement
Par: Christian Vanasse
Le moment précis où ma face se barre en un gros accent circonflexe, c’est quand on me dit; Moé, j’vas voter pour untel parce que... me semble ça ferait changement. Wow. Je peux rester de longues minutes à méditer là-dessus…

Le moment précis où ma face se barre en un gros accent circonflexe, c’est quand on me dit; Moé, j’vas voter pour untel parce que… me semble ça ferait changement. Wow. Je peux rester de longues minutes à méditer là-dessus…

C’est fou c’qu’on peut aimer le changement. Et c’est drôle parce que des fois, les gens qui rêvent de changement portent leur choix sur la personne qui représente l’exact contraire. Pour moi, passer d’un pantalon brun pâle en velours côtelé à un corduroy beige, j’appelle pas ça un changement mais bon… je ne juge pas, hein. J’ai déjà porté fièrement le corduroy, là n’est pas la question, mais ça me fascine toujours autant cet attrait pour le changement. Car généralement les gens qui en rêvent ne l’aiment pas beaucoup. Du changement, ils en vivent tout le temps, dans les habitudes de vie, le code de la route, les conditions de travail, les relations hommes-femmes ou le climat, le changement y a rien de plus permanent, qu’y disent. Notre corps, notre humeur, notre temps, tout change. Et ça les énerve. Ils préfèrent la routine. Avec de temps en temps et en temps voulu, une légère et passagère modification de leurs confortables habitudes. Comme une semaine à Varadero. Mais les gros changements par exemple, hisssh. Les turbulences, les casseroles pis les référendums, ça non. Les seules révolutions qu’ils aiment sont sexuelles, numériques et bien sûr, ce nouveau traitement révolutionnaire pour la perte des cheveux. « Me semble ça ferait changement »… me semble oui. Du changement, mais à condition qu’on n’entende parler de rien pis qu’on laisse nos affaires tranquilles. Le changement oui, mais pour que le prix du gaz monte pas, que la bière coûte toujours le même prix pis que les taxes augmentent jamais. Le changement pour l’immobilisme dans la continuité.

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