17 octobre 2013 - 00:00
Phénomène internet Spotted
Le courrier des coeurs brisés et des dérapages
Par: Le Courrier
Créée en mars 2013, la page Facebook de <em>Spotted Saint-Hyacinthe</em> diffuse plus d'une dizaine de publications anonymes par jour.

Créée en mars 2013, la page Facebook de <em>Spotted Saint-Hyacinthe</em> diffuse plus d'une dizaine de publications anonymes par jour.

Créée en mars 2013, la page Facebook de <em>Spotted Saint-Hyacinthe</em> diffuse plus d'une dizaine de publications anonymes par jour.

Créée en mars 2013, la page Facebook de <em>Spotted Saint-Hyacinthe</em> diffuse plus d'une dizaine de publications anonymes par jour.

Le phénomène Spotted, une application disponible sur le réseau social Facebook, ne cesse de prendre de l'ampleur à Saint-Hyacinthe. Avec plus de 8 300 mentions « j'aime » en huit mois d'existence, la page Spotted Saint-Hyacinthe commence toutefois à prendre une orientation dérangeante selon certains utilisateurs.

Le concept de Spotted est fort simple : les membres sont invités à déclarer incognito sur Facebook leur flamme pour un bel étranger aperçu (de l’anglais spotted) l’espace d’un instant. Il suffit de soumettre son message à l’administrateur de la page qui s’assure de le publier de façon anonyme.

Le hic, c’est que certains textes dégradants se mélangent parfois aux messages de drague. Les élans poétiques du style « Spotted la belle fille au gym avec un chandail mauve, t’as vraiment de beau yeux, c’est quoi ton nom? » deviennent des « À la serveuse du resto X, je t’ai remarqué avec ta blouse jauni des années 60 sérieux tu fais dur en cri** pi ta bouffe aussi à ne pas essayer ». Initialement conçu pour être un outil positif de séduction, Spotted Saint-Hyacinthe ressemble de plus en plus à un défouloir public salace, ponctué de commentaires moqueurs. Une récente abonnée de la page a d’ailleurs contacté LE COURRIER afin de dénoncer ce genre de propos désobligeants. « Même si tout se fait sous le couvert de l’anonymat, l’administrateur de la page est censé filtrer les messages qui sont publiés. Dans le cas de Spotted Saint-Hyacinthe, il y a clairement un laisser-aller », déplore-t-elle. Sur la page Facebook, une autre abonnée a fait savoir qu’elle « appréciait bien cette page avant d’y voir un statut dénigrant sur moi et d’avoir essayé de contacter à maintes reprises l’administration pour qu’elle le supprime ». Du côté des responsables de Spotted : Saint-Hyacinthe, cependant, on assure que les publications sont modérées et que les insultes ne sont pas tolérées. « Si nous recevons des plaintes, il revient à l’administrateur de juger si la plainte est pertinente ou non », indiquent les gestionnaires, en entrevue au COURRIER.« Nous avons décidé de faire prendre une autre orientation à la page (par rapport au concept de base), une direction plus populiste, voire sensationnaliste, qui semble plaire au public cible. Certains se sont plaints de ce virage, mais nous croyons qu’il s’agit d’une situation paradoxale. Les abonnés souhaitent lire ce genre de messages, mais c’est ce même genre de messages qui les dérange », expliquent-ils.Dans un message publié sur leur page, les administrateurs ont fait savoir qu’ils prenaient note du malaise éprouvé par certains utilisateurs, mais que le but premier de Spotted était de divertir. Ils conseillent donc aux personnes sensibles aux « vulgarités gratuites » de se désabonner de la page puisque « la morale est fondamentalement subjective et que ce qui semble immoral pour l’un peut être honnête et justifié pour un autre ».

Droit à l’image

Ce courrier du coeur électronique, qui se décrit comme le Gossip Girl de Saint-Hyacinthe, autorise également la publication de photos. À l’instar des messages, certaines d’entre elles peuvent être offensantes pour les personnes visées, en plus d’être prises et distribuées sur le net à leur insu.

« Cela ne respecte pas le droit à l’image. Si le sujet est le principal objet de la photo et qu’il est reconnaissable, la personne lésée peut intenter une action en justice pour atteinte à la vie privée. Dans un cas comme celui-ci, l’administrateur prend publiquement la responsabilité de publier une photo sur laquelle il ne possède pas les droits », explique Me Marcel Lacoursière, avocat en droit de l’information et chargé de cours à l’UQAM. Du côté de la Ville, on se passerait bien de cette publicité négative pour Saint-Hyacinthe et ses résidents. Toutefois, les recours sont limités, surtout lorsque l’entièreté des propos est publiée de façon anonyme. « Nous n’avons pas le contrôle de cette page, alors nous préférons communiquer avec nos propres canaux afin de contourner la désinformation. Nous surveillons ce qui est publié sur le site, sans toutefois interférer. Évidemment, ce phénomène n’est pas bien vu par de nombreuses communautés, mais de plus en plus, nous observons une autorégulation du site à travers ses membres », avance Caroline Nadeau, responsable des communications à la Ville de Saint-Hyacinthe.

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