18 avril 2013 - 00:00
Le GP de Chine vu de l’intérieur
Par: Marc Bouchard

(Shanghai, Chine) – Le son est assourdissant, et la frénésie à son comble... du moins dans les estrades. Car dans le garage de l'écurie Infiniti-Red Bull, où le moteur de la Formule un de Mark Webber tourne à plein régime, les mécanos s'affairent lentement, mais sûrement.

Il faut dire que le Grand prix débute dans moins de deux heures, et qu’il reste encore de nombreux ajustements à effectuer sur les deux voitures. Celle de Webber, notamment, qui partira de la ligne des puits en raison d’un problème, disons logistique, survenu la veille lors des qualifications.

En fait, selon la version officielle, l’indicateur d’essence et de transfert aurait mal fonctionné, omettant trois kilos d’essence. Le pilote a donc pu réaliser des temps dans le premier et deuxième segment des qualifications, mais a dû s’arrêter en panne sèche. Et il a été impossible de fournir l’échantillon d’essence obligatoire aux officiels avant le départ de la course. Bref, rien n’allait plus et Webber a dû partir dernier. Quant à la F1 de son collègue Sebastien Vettel, sur laquelle les mécaniciens s’acharnent aussi, elle a bien fait le travail, mais le champion du monde en titre n’a pu faire mieux qu’une 9 e position sur la grille de départ. Au moment où vous lirez ces lignes, je ne pourrai pas gâcher votre surprise en vous affirmant que Webber ne finira finalement jamais la course, et que Vettel, en raison d’une stratégie de pneus différente, se battra jusqu’à la toute fin, ne concédant que 0,2 seconde à Lewis Hamilton au troisième rang. Mais c’est l’expérience vécue de l’intérieur qui a rendu ce grand prix aussi inoubliable.

Infiniti et Red Bull

Il faut savoir que c’est grâce aux bons soins d’Infiniti que j’ai pu assister à ce Grand Prix. Le constructeur japonais souhaite se diversifier et globaliser son marché. Comme outil marketing, il a donc choisi la Formule un, y investissant des millions de dollars pour devenir partenaire de Red Bull dans l’écurie qui porte désormais les deux noms.

Pour le directeur des produits et responsable de courses chez Infiniti, Andreas Sigl, la décision est simple, mais ne lui parlez pas de commandites. « Une commandite, c’est comme payer pour du sexe. Ce que nous avons avec Red Bull, c’est un vrai partenariat qui non seulement nous rend visible dans tous les marchés que l’on veut conquérir, mais aussi qui nous permet d’offrir à Red Bull et à toute l’équipe nos connaissances technologiques », a-t-il expliqué. Une affirmation confirmée par Christian Horner, grand manitou de l’écurie Red Bull. « C’est surtout l’an prochain, au moment du changement de règlement, que ce partenariat prendra toute son importance », a-t-il expliqué en entrevue.

Dans le garage

Une fois ces choses dites, il est temps de passer aux choses sérieuses. Après le vrombissant départ, les voitures se démènent en piste. Quelques tours plus tard, à la suite d’un accrochage dont il accepte la responsabilité, Webber perd sa roue arrière et doit abandonner. Dans le garage, c’est la désolation.

Puis, Vettel prend la tête pendant que les autres enchaînent les arrêts aux puits. Alonso se rapproche dangereusement. Dans le garage, les esprits s’échauffent. La voix de l’ingénieur principal retentit cependant dans les écouteurs : « ne te bats pas avec Alonso, tu perdrais du temps. Laisse passer », lance-t-il. Vettel acquiesce. La décision, étrange en apparence, a trouvé son explication quelques tours plus tard quand le pilote a dû, à son tour, changer ses pneus. Armé de ses pneus neufs, il est reparti à la chasse. Alonso déjà loin, il était à 19 secondes de la 3 e position avec quelque quatre tours à faire. Et il aura fini avec moins d’une demi-seconde de retard. Un tour de plus, et Vettel se retrouvait sur le podium. Dans le garage, alors que la course vient à peine de s’achever, on s’affaire déjà à tout remettre dans les boîtes de transport. Tout l’équipement sera expédié le soir même au Bahreïn, pour la course de la prochaine fin de semaine. « On aurait aimé un meilleur résultat, mais il s’en est fallu de peu », a conclu philosophiquement Andreas Sigl. Pour l’écurie, ce n’était qu’une course. Pour Infiniti et Red Bull, un échelon de plus dans la construction de leur partenariat.

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