27 février 2013 - 00:00
Le hockey en pleine expansion à Saint-Hyacinthe (1)
Par: Le Courrier
Le fameux club des frères Viger lors de la saison 1923-1924.Coll. Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe

Le fameux club des frères Viger lors de la saison 1923-1924.Coll. Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe

Le fameux club des frères Viger lors de la saison 1923-1924.Coll. Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe

Le fameux club des frères Viger lors de la saison 1923-1924.Coll. Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe

Saint-Hyacinthe dans une ligue intercité

Au début des années 1920, le hockey n’est pas encore véritablement organisé à Saint-Hyacinthe. À l’occasion, un club local reçoit la visite d’une formation provenant d’une ville voisine.

Au début février 1922, une joute a lieu entre deux équipes de la Southern Canada Power, une compagnie qui produit et distribue de l’électricité. Lors de cette partie, le club local de la Southern remporte la victoire sur la formation montréalaise. L’arbitre de cette rencontre n’est nul autre que le Dr Joseph-AvilaViger, un Maskoutain qui fut considéré comme un des meilleurs joueurs de baseball au pays vers la fin du XIXe siècle. Charles et Lucien, les fils de ce médecin, portent les couleurs de Saint-Hyacinthe lors de cette rencontre. Le fait n’est pas banal puisque l’année suivante, Paul, Henri et Germain Viger se joindront au club de la Southern. De 1923 à 1925, cette équipe composée des cinq frères Viger, reçoit des clubs amateurs de Montréal et de la région. Les parties se jouent à la patinoire Corona qui est située au centre-ville où se trouve actuellement le parc T.-D. Bouchard. La formation maskoutaine remporte son lot de victoires et, d’année en année, les amateurs se massent en grand nombre autour de la patinoire. Alors qu’on parle d’un millier de spectateurs en 1923, on en rapporte près de 4000 lors d’une partie se déroulant par grand froid en janvier 1925. Les matchs sont habituellement présentés le dimanche après-midi, mais des joutes ont également lieu en soirée, ce qui nous laisse présumer de la présence d’un système d’éclairage. De tous les frères Viger, Henri semble le plus talentueux et il est le capitaine de cette équipe. En 1924, le célèbre Eugène Payan fait un retour au jeu et enfile l’uniforme des Maskoutains. À la fin février de cette année-là, l’équipe de la Southern n’a subi qu’une seule défaite et n’a accordé qu’un seul but à ses adversaires depuis le début de l’année. La saison se termine par une victoire de 11 à 4 contre le club Ferland de Verdun. Les Maskoutains rangent leurs patins avec sept victoires en huit parties.C’est au cours des années 1920 que le hockey devient très populaire à Saint-Hyacinthe. Pour les Maskoutains, ce spectacle hivernal devient une autre occasion de sociabiliser. Les spectateurs s’amusent, parient sur les résultats des parties et sortent le petit flasque de gin pour se réchauffer autour de la patinoire. D’ailleurs, dans les journaux, certaines publicités du gin canadien Melcher « Croix d’or » sont illustrées par des joueurs de hockey. « Après les sports en plein air et les exercices violents », on vante les mérites du gin contre les refroidissements. Si c’est écrit dans le journal, c’est que ça doit être vrai!

Saint-Hyacinthe dans une ligue intercité

En janvier 1926, Le Clairon informe ses lecteurs qu’une équipe maskoutaine fera partie de la section B de Ligue des Cantons de l’Est. Les Maskoutains devront affronter à deux reprises les joueurs de Richmond, Asbestos et Windsor Mills. On fait appel à la générosité des spectateurs afin que l’équipe soit en mesure de payer ses frais. Bien qu’il n’y ait pas de prix d’entrée, l’organisation « passe le chapeau » lors des parties. Certains déposent des centains enveloppés de plomb et « d’autres réservent pour le hockey une dévotion effrénée d’une largesse incontrôlable en médailles de toutes sortes ».

Afin de délier la bourse des amateurs, l’organisation fait la promotion d’un tirage « d’un poste de radio muni de huit lampes et d’un haut-parleur ». Après plusieurs semaines de promotion, le tirage a finalement lieu au cours de la dernière partie de la saison. Lors d’une partie à Windsor Mills, les dirigeants de l’équipe organisent le déplacement des amateurs à bord d’un train spécial, ce qui démontre que les « hockeyistes » de l’époque ont le support de la population locale.Toute cette animation engendrée par le hockey ne plaît pas à tout le monde. À cette époque, le jour du Seigneur est chômé et la pratique des sports professionnels le dimanche enflamme encore les esprits plus conservateurs. Harry Bernard, le rédacteur en chef du Courrier de Saint-Hyacinthe, fustige les coupables : « Mais ceux qui gagnent de l’argent le dimanche, directement ou indirectement, par les sports […] et ceux qui coopèrent à cette violation du dimanche sont condamnables dans leurs conduites ». À suivre.

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