18 octobre 2012 - 00:00
Voies ferrées du boul. Casavant
Le tunnel a la cote
Par: Le Courrier

Si le résultat de la consultation sur le prolongement du boulevard Casavant Ouest et la traverse des voies ferrées reflète les interventions du public à la première séance d'information sur ce grand projet, le conseil municipal pourra difficilement écarter l'option du tunnel.

Parmi les 16 citoyens qui se sont exprimés à la période des questions, un seul s’est dit en faveur de l’aménagement d’un simple passage à niveau, d’une part en raison des coûts de réalisation beaucoup moins élevés de cette option, et d’autre part, parce qu’il ne croit pas que la construction d’un tunnel en vaille vraiment la peine. « Le tunnel, ça va enlever quoi? Une lumière (feux de circulation). Sur Choquette, le tunnel a enlevé une lumière », a soutenu Gilles Tanguay, qui est intervenu à la toute fin de la séance.

Jusque-là, parmi les 130 personnes qui assistaient à la séance de mardi après-midi dans la Salle Rona du Centre des arts Juliette-Lassonde, seuls des partisans de l’option « tunnel » avaient pris la parole. Ils ont défilé au micro après le long exposé du directeur général la Ville de Saint-Hyacinthe, Louis Bilodeau, sur les tenants et aboutissants de la jonction des deux segments du boulevard Casavant selon l’une ou l’autre des solutions envisagées pour la traverse des voies ferrées.M. Bilodeau a notamment repris des renseignements qui se trouvent dans la brochure qui a été distribuée aux Maskoutains, laquelle contient un tableau dressant un portrait de ce que pourrait être l’impact du projet sur le compte de taxes, selon l’hypothèse retenue. À ce propos, des intervenants se sont dit étonnés que la Ville y soit allée d’une telle projection pour le boulevard Casavant alors que pour d’autres projets coûteux, elle n’en a rien fait.« Je suis un peu déçu. C’est comme si ce pamphlet-là avait pour mission d’influencer plutôt que de renseigner », a commenté l’homme d’affaires André H. Gagnon, qui a été conseiller municipal à Saint-Hyacinthe de 1968 à 1971, comme il l’a lui-même rappelé. M. Gagnon a raconté qu’à l’époque, le conseil municipal était parvenu à réaliser le tunnel ferroviaire du boulevard Choquette malgré toutes les difficultés reliées à un tel projet, lequel avait nécessité entre autres de multiples expropriations. « La situation était comme aujourd’hui : c’était très dispendieux (…). En dollars constants, le fardeau était aussi, sinon plus élevé qu’aujourd’hui », a-t-il soutenu.M. Gagnon s’est également dit en complet désaccord avec les chiffres émis par la Ville sur les temps d’attente au passage à niveau du Grand Rang, ayant lui-même procédé à des vérifications. Il a soutenu par exemple qu’il était impossible d’en arriver à un temps d’attente moyen aussi court que 21 secondes pour le passage d’un train de passager, à cause des délais supplémentaires occasionnés par le mouvement des barrières, avant et après le passage du train. « C’est toujours 40 secondes d’attente, au moins », a-t-il soutenu.« Sur Pinard, il arrive souvent que ça bouche sur un mille de long », a renchéri un autre intervenant.« Comment pourrait-on vivre aujourd’hui s’il y avait un passage à niveau sur le boulevard Choquette? On verserait tous les jours de chaudes larmes. Et puis, la vie humaine n’a pas de prix », a ajouté Guy Duhaime.Sur le plan technique, quelques idées intéressantes ont été lancées, dont celle de Jeannot Caron à propos des voies de déviation de 1,2 km (12 M$) dont le CN exige l’aménagement pour permettre la construction du tunnel. Comme ces installations temporaires coûteront très cher, M. Caron se demande pourquoi on n’a pas songé à construire le tunnel sur le tracé de ces voies de déviation et à laisser ainsi les trains circuler sur les voies existantes durant les travaux. « Ce serait une solution beaucoup plus économique », a-t-il fait remarquer.En ce qui concerne le financement du projet, André Lemay et Julie Gendron ont exprimé le même avis : la construction du tunnel Casavant devrait être inscrite au programme triennal d’immobilisations, donc dans le budget, comme le sont les autres grands projets. « Nous avons un conseil municipal assez imaginatif pour ça », a glissé Mme Gendron.Dans son mot de la fin, le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Bernier, s’est surtout adressé à ceux qui prétendent que ce n’est pas aux citoyens, mais au conseil municipal de choisir entre le passage à niveau (projet de 6,39 millions $) et le tunnel (projet de 28,7 millions $). « On représente, comme élus, 53 000 personnes et ce qu’on a voulu, c’est vous mettre dans le coup », a-t-il conclu.

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