Bien que les défenseurs de tels programmes d’aide à l’ajustement commercial (PAAC) soutiennent qu’ils permettent de compenser les pertes dans les secteurs touchés, de réorienter l’activité économique à des fins plus productives et d’accroître la viabilité politique de la libéralisation du commerce, Dmitry Lysenko et Saul Schwartz jugent que l’approche actuelle souffre d’une sérieuse lacune : les mesures compensatoires sont décidées en fonction de motifs souvent plus politiques qu’économiques, et dédommagent surtout les acteurs les plus critiques et les plus influents.
Ils estiment donc que le Canada n’a besoin d’aucun PAAC autonome, pour les raisons suivantes :
• ces programmes ont été relativement inefficaces en matière d’ajustement économique (même s’ils semblent avoir joué un rôle compensatoire);
• leurs critères d’admissibilité reposent sur une évaluation trop arbitraire des entreprises et des emplois qui seront négativement touchés par un accord donné;
• les accords récemment conclus ne devraient pas perturber sérieusement le marché du travail, notamment parce que la libéralisation dans les secteurs sensibles est souvent partielle et s’étend sur de longues périodes;
• il n’est pas nécessaire de créer un PAAC global pour surmonter l’opposition politique aux accords commerciaux, puisque Ottawa a promis des mesures compensatoires ponctuelles adaptées à chacun d’eux.
« Le nouveau gouvernement libéral serait mieux avisé d’adopter un ensemble de programmes modernisés d’aide à l’adaptation de la main-d’oeuvre, croient les auteurs, dont la finalité serait d’aider les travailleurs à faire face aux importants changements structurels qui modifieront à long terme le marché du travail, que ces changements soient causés par des accords commerciaux ou une série d’autres facteurs. »
Cette approche réduirait la nécessité de mesures ponctuelles décidées pour des motifs politiques, comme celles proposées dans la foulée du Partenariat transpacifique et de l’Accord économique et commercial global Canada-Union européenne, et contribuerait à dégager de façon plus équitable un consensus canadien autour des accords commerciaux.