Monsieur,

Lors de la dernière séance de la MRC tenue le 9 octobre, vous m’avez finalement convaincu de rendre compte publiquement de l’attitude nombriliste que vous avez eue, spécifiquement au sujet du dossier du transport adapté car, une fois de plus, celle-ci est malheureusement à l’image des nombreuses prises de décision au cours des quatre dernières années où j’ai eu l’occasion de siéger avec vous à la MRC.

En effet, les maires devaient statuer sur une demande de rétablir les horaires de demi-journées pour le transport adapté, une mesure qui aurait coûté 3 285 $ jusqu’à la fin 2013, et 13 575 $ pour l’ensemble de l’année 2014. Évidemment, le service de transport adapté à la MRC est destiné aux personnes les plus démunies et physiquement limitées de notre société, et par votre prise de décision vous avez sciemment refusé à ces personnes un service qui répond à un besoin primaire. Je ne peux m’expliquer le fondement de votre raisonnement, alors que la MRC vient de toucher une redevance sur la taxe de carburant de l’ordre de 33 828 $ qui aurait largement suffi à financer ce service sans affecter le moindrement l’équilibre budgétaire. Pourtant, vous avez voté en faveur d’injecter 1 000 $ pour offrir du transport adapté vers les bureaux de scrutins de la ville de Saint-Hyacinthe les 27 octobre et 3 novembre. Deux poids, deux mesures. Je suis tout à fait en faveur de donner le droit à ces citoyens d’aller voter, mais le même droit ne s’applique-t-il pas lorsqu’il s’agit de se rendre à l’hôpital pour subir des traitements médicaux? Les intérêts des électeurs dans la campagne municipale sont-ils supérieurs aux intérêts des usagers en ce qui concerne leur santé? Avez-vous songé à l’impact de votre décision chez un citoyen vivant en périphérie de Saint-Hyacinthe, alors que les coûts de transport par taxis sont extrêmement onéreux? Évidemment, vous n’êtes pas celui qui devra expliquer cette décision aux citoyens touchés, vous n’êtes pas celui qui devra faire face à leur détresse. J’aimerais d’ailleurs que vous trouviez une façon de leur expliquer pourquoi vous avez préféré voter récemment en faveur d’une dépense de 55 000 $ pour la création de l’image de marque de la « grande région de Saint-Hyacinthe, terre d’innovation », et 5 000 $ pour un plan de marketing pour promouvoir cette image de marque (toujours à même le budget et les surplus de la MRC). Bref, 60 000 $ investis en marketing alors que le CLD des Maskoutains et la Cité de la biotechnologie sont déjà largement reconnus mondialement. Les priorités budgétaires ne sont pas les mêmes pour tous… Cette situation qui m’a poussé à quitter en hâte la séance du 9 octobre, n’est qu’un exemple du problème qu’est la double-majorité qui prévaut lorsque des résolutions sont votées à la MRC, un concept que je dénonce haut et fort depuis quatre ans puisqu’il brime les intérêts des 16 municipalités rurales en périphérie de Saint-Hyacinthe. En effet, grâce à votre double-majorité, il vous suffit de solliciter habilement l’appui d’un autre maire-membre pour sceller l’issue du vote, et cela est tâche facile pour un fin politicien de votre trempe. Vous êtes pourtant bien au fait que les intérêts des citoyens de votre ville sont souvent bien différents de ceux des citoyens de nos municipalités, car nos réalités sont très distinctes. De ce fait, les principes de consensus et de mobilisation, si magnifiquement élaborés dans la vision stratégique de la MRC, sont des utopies que les membres ne peuvent aspirer à atteindre, sauf si le maire de Saint-Hyacinthe ne décide de faire preuve d’écoute et d’ouverture envers ses pairs. C’est en effet ce que je souhaite à l’issue de la présente campagne électorale municipale; que le prochain maire de Saint-Hyacinthe comprenne l’importance de son rôle au sein de la MRC et sa responsabilité sociale envers tous les citoyens touchés par ses prises de décision. Je rêve également du jour où tous les maires siégeant à la MRC comprendront ce rôle crucial qui leur incombe, soit celui de défendre bec et ongles les intérêts de leurs concitoyens, et non celui de réchauffer une chaise. J’invite d’ailleurs les citoyens de toutes les villes et municipalités de la MRC des Maskoutains à faire part de leurs préoccupations et de leurs besoins à leurs maires respectifs afin que ceux-ci puissent bien remplir leur rôle de représentant, plus spécifiquement dans le dossier du transport adapté, mais également dans tous les dossiers qui sont débattus lors des séances du conseil de la MRC. Pour terminer, M. Bernier, depuis 2009 nous avons eu de nombreux désaccords, mais je sais reconnaître le travail exceptionnel que vous avez fait pour votre ville. Toutefois, malgré tout le respect que je vous dois, je suis extrêmement déçu que vous ayez choisi de conclure votre carrière sur ce manque flagrant d’altruisme, alors que vous auriez pu quitter sur une note positive. Je vous souhaite une retraite paisible et en santé, en espérant que vous ou vos proches n’auront jamais besoin de bénéficier du service de transport adapté que vous avez choisi de couper aux citoyens les plus démunis de la MRC des Maskoutains.

Pierre St-OngeMaire sortant de Saint-Pie