15 juin 2017 - 00:00
L’heure de la retraite pour le Dr Cuirot
Par: Rémi Léonard
Le Dr Cuirot est dans son élément lorsqu’il travaille à son laboratoire bien-aimé. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le Dr Cuirot est dans son élément lorsqu’il travaille à son laboratoire bien-aimé. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le Dr Cuirot est dans son élément lorsqu’il travaille à son laboratoire bien-aimé. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le Dr Cuirot est dans son élément lorsqu’il travaille à son laboratoire bien-aimé. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le jeune Dr Cuirot, peu après son arrivée à l’hôpital Honoré-Mercier. Photo courtoisie

Le jeune Dr Cuirot, peu après son arrivée à l’hôpital Honoré-Mercier. Photo courtoisie

L’un des pionniers dans le traitement des cancers à l’hôpital Honoré-Mercier, le Dr Gilles Cuirot, prendra bientôt sa retraite après presque 44 ans de service. Au fil des décennies, nombreux sont les Maskoutains qui ont pu compter sur les soins spécialisés et humains de l’hémato-oncologue.


Dès son arrivée à Saint-Hyacinthe, en 1974, il s’est appliqué à bâtir la clinique d’oncologie du jeune hôpital. Avant lui, les traitements de chimiothérapie étaient transférés vers Montréal, faute d’expertise en région. Il faut dire que le fléau de l’époque était davantage les maladies cardiaques, même si le cancer est progressivement devenu l’ennemi numéro un des médecins.

Approché par le Dr Jean Gadoury, le finissant en médecine de l’Université de Montréal a posé comme conditions l’acquisition de plusieurs équipements modernes et des ressources humaines pour l’appuyer. À son étonnement, on lui accorde tout le nécessaire pour qu’il vienne à Saint-Hyacinthe. Finalement, l’investissement s’est avéré judicieux puisqu’il n’est jamais reparti.

Un bourreau de travail

À l’époque, il n’y avait que quatre médecins spécialistes pour tout l’hôpital. Le Dr Cuirot a dû être de garde les premières années, en plus de la clinique d’oncologie qui reposait sur ses épaules avant l’arrivée du Dr François Perreault. « Je pouvais faire 70 cas par jour, en plus de siéger à des comités. Si les jeunes qui commencent aujourd’hui trouvent qu’ils ont beaucoup de travail, ils n’ont pas idée de ce que c’était à ce moment-là », lance le médecin.

En tant qu’hémato-oncologue, sa spécialité consiste à traiter des maladies du sang telles que l’anémie ou l’hémophilie en plus des maladies cancéreuses comme la leucémie.

L’un de ses premiers cas à Saint-Hyacinthe a d’ailleurs été un enfant atteint de leucémie aigüe en phase terminale, un épisode éprouvant. C’est aussi lui qui a dû traiter les multiples cas de leucémie qui se sont déclarés dans la région à la fin des années 1970. Une véritable épidémie – 17 cas en trois mois, se rappelle-t-il encore – dont la cause n’a jamais été établie hors de tout doute.

Avec le temps, la clinique d’oncologie s’est développée, autant en personnel qu’en équipement, et s’est forgée une envieuse réputation. Dans un cahier spécial publié par LE COURRIER en 1999, on souligne que l’on « vient de partout pour s’inspirer du concept maskoutain, une façon de faire […] qui mise sur la proximité des services et l’intimité des soins ». En plus des médecins, le Dr Cuirot accorde bien humblement du mérite aux autres professionnels, autant les fidèles techniciens du laboratoire que les indispensables infirmières, qu’il appelle les « anges gardiens » des patients. Ceux-ci vous diront sans doute que l’approche humaine du Dr Cuirot rejaillit d’office sur toute son équipe.

Un labo du 21e siècle

La clinique allait même devenir encore plus efficace dans les années qui ont suivi. La réhabilitation de l’hôpital Honoré-Mercier s’est avérée une occasion en or pour moderniser les installations, qui ont par la même occasion été déplacées dans le pavillon Hervé-Gagnon. Le Dr Cuirot a ainsi pu participer à la conception du nouveau département, dont le fait marquant est selon lui le grand laboratoire à « aires ouvertes ». En éliminant le cloisonnement par département, les appareils sont utilisés par plusieurs spécialités de l’hôpital, offrant ainsi plus d’efficacité et de polyvalence, explique-t-il, parlant avec fierté d’un laboratoire « unique au Québec ».

Certains voulaient même que le nouveau pavillon porte le nom de Gilles Cuirot. « J’ai refusé. Après tout, je ne suis pas mort », avait alors insisté le docteur. L’honneur est finalement allé à son précurseur en quelque sorte, puisque le Dr Hervé Gagnon a entre autres fondé la clinique anticancéreuse et le service des soins à domicile lors de sa pratique à Saint-Hyacinthe, de 1937 à 1978. Il est décédé en 1985.

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