12 mars 2015 - 00:00
L’importance des corridors naturels
Par: Le Courrier

Imaginez que, tout à coup, vous vous ­retrouvez condamné à vivre dans un tout ­petit village complètement isolé, à des kilomètres du plus proche village, sans aucune route, aucune rivière, aucun moyen de transport autre que vos deux pieds…

Il est facile de comprendre qu’avec le temps, les conditions de vie à l’intérieur de votre village se détérioreraient par manque d’échanges avec l’extérieur. En plus de la morosité économique, la santé de la ­population souffrirait ne serait-ce que par l’augmentation des mariages consanguins. Peu à peu, cette petite communauté finirait par dépérir et s’éteindre.

Dans la nature, c’est un peu la même chose. Les êtres vivants sont rassemblés en écosystèmes dans lesquels les relations entre micro-organismes, plantes, insectes, oiseaux et mammifères sont interdépendantes.

Ces écosystèmes communiquent entre eux sur de grandes étendues, ce qui permet de maintenir leur santé et leur biodiversité. C’est ce qu’on appelle la connectivité.

Lorsque ces écosystèmes (prairies ­sauvages, forêts et autres habitats naturels) sont séparés par des territoires hostiles, il se produit exactement le même phénomène que dans un village isolé : les habitats se ­détériorent, ils sont envahis par des espèces indésirables et ils doivent lutter plus ­difficilement contre des maladies ­systémiques. Ils finissent tranquillement par ne plus avoir aucune ressemblance avec les habitats d’origine.

C’est dans le but d’empêcher la fragmentation des habitats et donc d’augmenter leur connectivité que plusieurs mesures de conservation ont été entreprises par Nature-Action Québec. Une de ces mesures est la prolongation du parc du Mont St-Bruno avec pour objectif de protéger 40 kilomètres de corridor forestier entre Verchères et La ­Prairie. Le corridor Vaudreuil-Soulanges est un autre exemple. Malheureusement, sur le territoire maskoutain, les boisés sont très isolés les uns des autres à cause du ­développement agricole et urbain. Il reste cependant deux importants corridors de biodiversité en périphérie de Saint-­Hyacinthe ainsi que la rivière. Dans une telle situation, on peut préserver la biodiversité en restaurant des milieux naturels.

Quelques mesures sont perceptibles pour répondre à cette problématique de fragmentation des habitats. Les haies brise-vent en milieu agricole sont un bel exemple. Sur le territoire maskoutain, il vaut la peine de ­souligner les efforts du Boisé des Douze et des Carrières St-Dominique. Et tout ­récemment, la famille Bertrand Mathieu a conclu une entente avec le Centre de la ­Nature afin que plusieurs centaines ­d’hectares de forêt soient protégés pour la postérité. Mais beaucoup reste à faire, ­seulement 0,02 % du territoire est protégé.

La reconnaissance économique des ­services écologiques que rendent les ­corridors naturels pourrait être un incitatif auprès des producteurs agricoles et des ­citadins pour qu’ils établissent chez eux des espaces diversifiés faisant partie de ­corridors naturels en harmonie avec les paysages ­ruraux et urbains.

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