20 décembre 2012 - 00:00
L’orgue Casavant fait son entrée à la Maison symphonique
Par: Le Courrier
Au total, 6 489 tuyaux fabriqués à la main formeront l’instrument.

Au total, 6 489 tuyaux fabriqués à la main formeront l’instrument.

Au total, 6 489 tuyaux fabriqués à la main formeront l’instrument.

Au total, 6 489 tuyaux fabriqués à la main formeront l’instrument.

Le facteur d’orgues Casavant Frères livrait ce mardi un cadeau de Noël d’envergure à l’Orchestre Symphonique de Montréal (OSM) : l’un des plus grands orgues à traction mécanique du monde.

L’Opus 3900 du facteur d’orgue maskoutain – correspondant à sa 3 900e commande – portera le nom de Pierre Béique, le fondateur et premier directeur général de l’OSM.

« Tout ce qui est là a été fait à Saint-Hyacinthe. Les tuyaux ont été faits à la main dans nos ateliers, le bois y a été coupé et vernis et ceux qui travaillent à l’assemblage, ce sont aussi nos employés de Saint-Hyacinthe », a raconté Jacquelin Rochette, directeur artistique de Casavant Frères, en regardant les employés hisser un à un vers les hautes sphères de la salle les grands tuyaux en étain. Au total, 6 489 tuyaux fabriqués à la main formeront l’instrument. Les plus imposants mesurent jusqu’à 32 pieds de haut et pèsent plus de 1 000 livres, alors que le plus petit, de la taille d’une paille, ressemble à un tout petit sifflet. L’équipe de Casavant Frères passera tout le temps des Fêtes à la Maison symphonique afin d’assembler la structure, un travail de longue haleine. Déjà, les mélomanes pouvaient observer dans la salle les tuyaux de façade, qui avaient été livrés à temps pour l’inauguration de la Maison symphonique, en septembre 2011. Ces tuyaux seront reliés au corps de l’orgue au cours des prochaines semaines. Au total, quatre camions auront été nécessaires pour transporter l’instrument jusqu’à Montréal en pleine tempête de neige!

Mettre le vent

Les musiciens de l’OSM, qui s’exécutent pour le moment à la Basilique Notre-Dame, rentreront au bercail après l’installation du temps des Fêtes, mais il faudra encore attendre plus d’un an avant la grande première de l’instrument.

« On pense terminer la finition et pouvoir mettre le vent en juin, a dit M. Rochette. On installera alors les ventilateurs qui viendront remplir d’air les poumons de l’orgue. » C’est à ce moment que résonnera pour la première fois le colosse dans la Maison symphonique. Puis, la phase d’harmonisation prendra jusqu’à six mois. Lorsque l’OSM ne sera pas à la maison, les harmonistes ajusteront un à un chacun des tuyaux pour obtenir un son impeccable, adapté à la salle. « Le son doit être souple et permettre à l’organiste de se fondre à l’orchestre ou de pousser des notes puissantes, sans être tonitruantes », a expliqué M. Rochette, qui a déjà hâte au grand concert inaugural.Avec raison. Car M. Rochette sait de quoi l’orgue sera capable. À la fin octobre, dans l’atelier du facteur d’orgues maskoutain, rue Girouard, le grand orgue a poussé ses premières notes devant des invités de l’OSM, dont l’ex-premier ministre Lucien Bouchard, président du conseil d’administration.« C’était comme une naissance. C’était comme entendre un bébé pour la première fois, mais c’était beaucoup plus harmonieux! », a raconté M. Bouchard, tout sourire, observant l’orgue en morceaux sur la scène. « Nous étions là, au beau milieu d’un atelier, dans la poussière, les tuyaux et les outils, puis l’orgue a résonné et nous avons eu ce moment de grâce. C’était très émouvant. Il n’y avait plus que l’orgue et nous. »M. Bouchard souhaite d’ailleurs faire profiter les mélomanes de ce trésor et envisage mettre en place une série de récitals les dimanches. L’OSM a aussi lancé ce mois-ci un appel de candidatures en vue d’engager un organiste professionnel en résidence.Entre temps, il reviendra à Olivier Latry, organiste titulaire du Grand orgue de Notre-Dame-de-Paris, d’inaugurer l’orgue le 28 mai 2014. M. Latry, qui a agi à titre de conseiller artistique et représentant de l’OSM auprès du facteur d’orgues, a d’ailleurs obtenu le titre d’organiste émérite de l’Orchestre. C’est lui qui était derrière les quatre claviers de la console lorsque l’orgue a pris son premier souffle à Saint-Hyacinthe.Si l’ensemble du processus peut sembler long – au final, trois ans et cinq mois se seront écoulés de la construction à l’inauguration – c’est que le travail est minutieux et précis. « C’est un travail artisanal. Tout est construit à la main. Certaines techniques que nous employons sont tirées d’un traité de facture d’orgue datant de 1760 », fait remarquer M. Rochette.Et à l’art ancestral du facteur d’orgues, Casavant Frères allie aussi la modernité. L’orgue Pierre Béique sera muni de deux consoles, l’une attachée à l’orgue et l’autre mobile. Cette dernière actionnera l’orgue via un système de transmission électronique, ce qui permettra à l’organiste de s’exécuter sur scène au coeur de l’orchestre. Le tout est aussi compatible avec iPad et autre clé USB pour enregistrer les données et revisiter l’exécution afin d’identifier les corrections à apporter. Les facteurs d’orgues de 1760 n’en croiraient pas leurs oreilles!

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