Lors de cette marche rythmée au son de quelques tambours, des travailleurs portaient sur leurs épaules dix cercueils noirs identifiés au numéro de poinçon des anciens collègues de travail décédés durant les cinq dernières années.
« Est-ce que le boss attend que nous soyons tous morts avant de négocier un règlement? », a lancé Michel Daigle, président du Syndicat des travailleurs d’Olympia (CSN). Selon lui, pour trouver une issue à cet interminable conflit de travail « il faut régler le passé ». « Il demeure deux griefs en suspens que nous devons régler absolument avant d’entreprendre des négociations pour une convention collective. Pour l’instant, nous sommes au point mort », a déploré le responsable syndical. En avril 2007, la direction d’Olymel dont le siège social est situé à Saint-Hyacinthe avait décidé de fermer son usine de Saint-Simon en raison de la nécessité pour l’entreprise de réduire le niveau d’abattage et de production dans un contexte de crise de l’industrie porcine.Quelques mois plus tard, dix travailleurs furent rappelés au travail pour opérer un entrepôt dans les murs de cette usine de transformation. Le 17 octobre de la même année, devant le refus du syndicat de réduire les conditions de travail et les salaires, l’employeur avait imposé un lock-out. Depuis cette décision patronale, 90 % des anciens employés de l’usine Olymel de Saint-Simon ont décroché un emploi ailleurs. Plusieurs têtes dirigeantes de la CSN avaient pris part à cette mobilisation. « C’est le plus long conflit en relations de travail au Québec. Après cinq ans de lock-out, les travailleurs ne rentreront pas à genoux dans l’usine. Comme syndicat nous sommes prêts à faire des compromis, mais il y a des limites », a estimé en entrevue au COURRIER, le vice-président de la CSN, Jean Lacharité.
Loi antiscab
Le vice-président de la CSN a interpellé le député de Saint-Hyacinthe Émilien Pelletier qui était présent sur les lieux afin que son gouvernement révise d’urgence la loi anti-briseurs de grève.
« Je lance un appel au gouvernement du Parti québécois pour que soit modernisée la loi antiscab qui est désuète. Quand des usines comme celle de Saint-Simon transfèrent leur production ailleurs, nous ne sommes pas capables de faire reconnaître les travailleurs comme étant des scabs », a indiqué Jean Lacharité.« Nous allons faire les représentations nécessaires auprès de la ministre du Travail et de Mme Marois pour rétablir le rapport de force dans des situations de conflit entre les travailleurs et les employeurs », a-t-il poursuivi. Pour l’heure, les parties syndicale et patronale attendent la décision d’un arbitre du ministère du Travail concernant le dépôt de deux griefs. L’arbitre devra déterminer les montants dus à certains travailleurs pour ne pas les avoir affectés à un quart de travail de soir. Celui-ci devra également trancher sur le droit de l’employeur d’avoir fermé « de façon illégale » l’usine de Saint-Simon.