17 avril 2014 - 00:00
Message pascal de Mgr Lapierre
Par: Le Courrier

Je ne sais comment s’est vécu votre Carême, mais pour ma part, un moment fort de ce temps de montée vers la fête de Pâques, a été la visite, dans le cadre de la campagne de carême de Développement et Paix, d’Humberto Ortiz, un économiste péruvien qui travaille en lien avec la Conférence des évêques catholiques du Pérou.

M. Ortiz nous a dit des choses très simples. Il a parlé de sécurité alimentaire, de la montée des prix de la nourriture, de la spéculation autour des denrées alimentaires de base comme le maïs ou le soja, de la nécessité non seulement d’avoir une échelle de valeurs, mais un nouveau modèle de vie. Il a mentionné le nom d’un économiste italien de l’université de Bologne, Stefano Zamagani, dont je suis allé écouter, sur Internet, une conférence donnée à Vancouver. Un point m’a frappé dans sa réflexion : le problème, dit-il, n’est pas le libre marché, mais la domination du modèle néo-libéral actuel centré sur la compétition et l’efficacité, un modèle qui enrichit les plus riches et appauvrit les plus pauvres. Le Professeur Zamagani croit au développement de modèles alternatifs comme le modèle coopératif qui augmente le partage social. En l’écoutant, je pensais à nos caisses populaires construites pour la plupart à proximité d’une église, je pensais à Agropur et à plusieurs autres coopératives présentes sur le territoire de notre diocèse, je me demandais où en est notre modèle coopératif et comment nous y impliquons-nous en Église. Vous me direz que ce genre de réflexion durant le Carême n’a pas beaucoup de lien avec Pâques; c’est oublier le lien intime qui existe entre foi et partage. Quand nous disons �� Notre Père », nous nous reconnaissons comme fils et filles de Dieu, comme frères et soeurs universels. Nous nous engageons à développer non seulement une économie solidaire, mais une économie fraternelle. Quand nous affirmons notre foi en la mort et la Résurrection de Jésus, nous proclamons notre foi en la victoire du Christ sur la mort et sur toutes les puissances qui empêchent la vie de se développer. « En souffrant pour nous, Jésus ne nous a pas simplement donné l’exemple afin que nous suivions ses traces, mais il a ouvert une voie nouvelle : si nous le suivons, la vie et la mort sont sanctifiées et acquièrent un sens nouveau. » (Gaudium et Spes, no.22) On le voit, on ne peut séparer la fête de Pâques d’un nouveau modèle de vie. Je souhaite vivement que cette fête qui est à notre porte, nous conduise à mieux saisir la vie nouvelle que nous apporte le mystère pascal qui est au coeur de la foi chrétienne. Joyeuses Pâques.

+ François Lapierre p.m.é.

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