24 janvier 2013 - 00:00
Nos Reyes Mendez à nous
Par: Martin Bourassa

Si vous suivez un tant soit peu l’actualité nationale, le nom de cette famille mexicaine ne vous est pas étranger. Cette famille a été renvoyée dans son pays d’origine au cours du week-end, après quatre ans passés au Canada.

Immigration Canada a pris tout ce temps pour conclure que cette famille ne méritait pas le statut de réfugiés, malgré les arguments contraires des principaux intéressés et la sympathie exprimée par plusieurs groupes.Les Maskoutains aussi ont leur version locale des Reyes Mendez. Ce sont les Pavon Aguila. Le père Esteban, la mère Leticia Aguila et leurs filles Stephanie et Fernanda. Ils ont fait la Une de notre édition du 17 janvier.Ils sont surtout les prochains sur la liste noire du gouvernement canadien et d’Immigration Canada. Bon peut-être pas les prochains, prochains, mais ils sont au nombre des « faux réfugiés » qui ne méritent pas l’hospitalité canadienne.Ils n’attendent plus que la date de leur départ forcé.Conme bien d’autres, dont les Reyes Mendez avant eux, les Pavon Aguila n’ont pas réussi à convaincre les autorités canadiennes que leur santé, voire leur vie serait compromise par un retour au Mexique, où ils ont été par le passé extorqués, volés, molestés à répétition, selon leurs dires. Pour ceux qui l’ignorent, le Mexique ne se résume pas uniquement à la Riviera Maya et à Playa Del Carmen.Le Mexique peut aussi être synonyme de violence. Le gouvernement du Canada demande d’ailleurs aux Canadiens qui prévoient y séjourner de faire preuve d’une grande prudence, voire d’une extrême prudence, particulièrement au nord du pays où on retrouve des niveaux élevés de criminalité organisée et de la violence urbaine.On imagine sans mal que ce qui est bon pour les voyageurs canadiens devait l’être doublement pour les Mexicains qui y vivent et qui ont une richesse relative.Disons que départager le vrai du faux réfugié et accoler une étiquette sur le Mexique n’est sans doute pas une tâche évidente. Cela dit, c’est épouvantable de penser qu’on a besoin de quatre ans pour statuer sur de tels dossiers.Quatre ans qui ont permis à une famille de s’enraciner dans son milieu d’adoption, d’apprendre le français, d’étudier, de développer des amitiés, de se trouver du travail, de recevoir des soins de santé, etc. Bref, de se faire une nouvelle vie et de contribuer à la dynamique et la vitalité de leur communauté d’adoption.Est-ce que le Canada sera un meilleur pays sans les Reyes Mendez et sans les Pavon Aguila? Est-ce que Saint-Hyacinthe se portera mieux sans les Pavon Aguila?À ce que j’ai pu lire et selon des courriels que j’ai reçu depuis notre dernière édition, la réponse à ces questions est définitivement non. Les Pavon Aguila sont un exemple d’immigration réussie et ils sont des dizaines pour en témoigner.Ils travaillent tous les deux et ils parlent tous un excellent français, en plus de s’impliquer dans toutes les activités d’accueil à l’intention des immigrants que la Ville de Saint-Hyacinthe souhaite d’ailleurs de plus en plus nombreux à l’avenir.Encore plus s’ils sont de la qualité des Pavon Aguila pourrait-on ajouter.Comme exemple d’intégration réussie, le Canada pourrait les citer en exemple. Mais il préfère plutôt les chasser à coup de pied au cul, sur le premier vol venu.Et vous savez quoi, ils ne sont pas les premiers et ne seront pas les derniers.Selon l’organisme Mexicains unis pour la régularisation, pas moins de 20 000 autres demandeurs d’origine mexicaine risquent de subir le même sort. Cet organisme exige donc un moratoire sur les expulsions de Mexicains. Moratoire que nous appuyons, considérant l’état des choses et le flou politique qui semble entourer le Mexique.Pour ceux qui voient dans ce dossier une belle occasion pour notre députée fédérale de démontrer son efficacité et sa pertinence devront faire preuve de réalisme.On voit mal pourquoi elle réussirait là où tant d’autres avant elle ont échoué au niveau fédéral et même provincial avec Amir Khadir. Ce n’est pas une raison tout de même pour ne pas essayer et ajouter sa voix au concert de critiques.Le problème est politique, conservateur et majoritaire. Dommage que les Pavon Aguila n’aient pas de plumes sur la tête ou de sang amérindien dans les veines.

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