29 mars 2012 - 00:00
L'église Sacré-Coeur-de-Jésus
Phénix d’un collège réduit en cendres
Par: Le Courrier
Le Collège Sacré-Coeur, après 1915. Devant, le tracé de ce qui allait devenir le boulevard Laframboise.

Le Collège Sacré-Coeur, après 1915. Devant, le tracé de ce qui allait devenir le boulevard Laframboise.

Le Collège Sacré-Coeur, après 1915. Devant, le tracé de ce qui allait devenir le boulevard Laframboise.

Le Collège Sacré-Coeur, après 1915. Devant, le tracé de ce qui allait devenir le boulevard Laframboise.

L'église Sacré-Coeur-de-Jésus, mise en vente par le diocèse de Saint-Hyacinthe, n'est peut-être pas très ancienne, ni vraiment patrimoniale, à tout le moins au sens où l’entend le ministère de la Culture. Mais elle cache sous ses fondations le souvenir d'un incendie tragique qui a coûté la vie de 41 élèves et cinq religieux du Collège Sacré-Coeur. C'était il y a 74 ans.

À son époque, il s’agissait de l’incendie le plus meurtrier de l’histoire du Québec.

Inauguré en 1902 sur une terre achetée quelque 5 000 $ à Georges-Casimir Dessaulles, le Collège Sacré-Coeur se retrouvait alors dans une portion inhabitée de la ville, isolée du bruit et remplie d’une sérénité propice à la spiritualité, disaient les Frères du Sacré-Coeur.Jusqu’au 18 janvier 1938. Au coeur d’une nuit glaciale, une explosion survenue dans la salle des fournaises provoqua un incendie monstre qui ne mit pas de temps à détruire tout le Collège. Le triste bilan faisait état de 46 morts et une vingtaine de blessés. Les restes des petites victimes trouvés dans les décombres ne purent jamais être identifiés, sauf trois élèves que les parents réclamèrent. « J’ai été témoin d’une chose épouvantable, dont le souvenir hantera toujours ma mémoire, avait raconté Marcel Quesnel, le gardien de nuit, au lendemain de la tragédie. J’entends encore les cris des mourants et des blessés. »Un imposant monument de marbre sculpté en la mémoire des victimes recouvre encore aujourd’hui leur tombeau au cimetière de la Cathédrale. Autre vestige de ce drame épouvantable : cette résidence toujours debout derrière le presbytère de l’église Sacré-Coeur-de-Jésus, à l’intersection des rues Bernier et Papineau, aurait été construite à partir des pierres de la fondation de la chapelle du Collège sinistré, selon des témoignages de cette époque.

Une église

Ce n’est qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale que le Diocèse décida d’ériger deux nouvelles paroisses pour desservir la population grandissante du quartier Bourg-Joli. Étaient donc construites en même temps les églises Notre-Dame-du-Très-Saint-Sacrement et celle du Sacré-Coeur-de-Jésus, les mêmes qui ont fait l’objet d’un choix difficile du Conseil de la fabrique, lorsqu’un comité a dû décider laquelle serait mise en vente.

« Le nom Sacré-Coeur-de-Jésus fut retenu en mémoire du Collège détruit par le tragique incendie de 1938. L’église fut construite sur l’emplacement de cette maison d’éducation », rappelait le maire Claude Bernier dans un texte publié à l’occasion du 50e anniversaire de la paroisse, en 1996.S’il demeure incertain que l’église ait été érigée précisément sur les fondations du Collège, elle est assurément tout près, sur la même terre offerte par les Frères du Sacré-Coeur. Selon des repères contemporains, leur domaine s’étendait de la rue Laframboise à la rue Mailhot (près de l’école secondaire Fadette), entre les rues Sacré-Coeur et Papineau.« Un voisin de l’église s’était buté aux fondations du Collège en menant des travaux d’excavation sur son terrain », se souvient d’ailleurs Gilles Dumoulin, qui a été prêtre de la paroisse pendant 22 ans. « Cette décision de vendre l’église m’attriste, parce qu’avec les paroissiens, nous avons mis beaucoup d’efforts à l’entretenir et à y rassembler la communauté », a-t-il commenté, ayant appris dans LE COURRIER l’avenir réservé à l’église à laquelle il est toujours attaché.« Il y a toute une histoire, en dessous et dans cette église. J’aurais aimé être consulté. Je suis triste, mais force est d’admettre que l’avenir est peut-être autrement. »Avec la collaboration du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe.

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