12 mai 2011 - 00:00
Glissement de terrain à Saint-Pie
Quand tout tombe à l’eau
Par: Le Courrier
Daniel Melançon attend l'aval de sa banque pour procéder à la démolition de sa maison.

Daniel Melançon attend l'aval de sa banque pour procéder à la démolition de sa maison.

Daniel Melançon attend l'aval de sa banque pour procéder à la démolition de sa maison.

Daniel Melançon attend l'aval de sa banque pour procéder à la démolition de sa maison.

Daniel Melançon habite une maison en bordure de la rivière Noire. Du moins, il l'habitait. Depuis novembre, la berge a été grugée par les glissements de terrain au point où la Sécurité civile lui a demandé de quitter sa résidence. Sur le rang Haut-de-la-Rivière, à Saint-Pie, ce n'est plus seulement sa maison qui risque de tomber à l'eau. Si sa banque ne décide pas rapidement d'entériner sa démolition, toutes ses économies pourraient s'y retrouver aussi.

M. Melançon a acquis sa petite maison bleue du rang Haut-de-la-Rivière il y a deux ans. Entre le mont Yamaska et la rivière Noire, il a trouvé la tranquillité qu’il souhaitait. Jusqu’à ce que, l’automne dernier, un pan de son terrain s’effondre dans la rivière. Avec moins d’un pied de terre séparant les pilotis de sa résidence et le talus, M. Malançon a alerté la Ville de Saint-Pie qui lui a envoyé les ingénieurs de la Sécurité civile.

Les experts ont pris la mesure de la situation et la conclusion est tombée aussi rapidement que son terrain a glissé dans la rivière: il devait quitter sa maison. « La Sécurité civile offre une aide financière pour les sinistres du genre. Je ne perds pas tout. On m’a offert un peu plus de 91 000 $, ce qui me laisse environ 30 000 $ à rembourser sur mon prêt hypothécaire. C’est beaucoup d’argent pour ne rien avoir en échange, mais je suis prêt à l’assumer. »Or, la Banque Laurentienne chez qui il a contracté un prêt hypothécaire refuse toujours d’entériner sa décision de démolir la maison. Elle préfèrerait qu’il choisisse l’un des autres scénarios proposés par la Sécurité civile, soit de déménager sa maison sur un autre terrain ou encore de réaménager le talus de la rivière.« Je perds déjà 30 000 $ au minimum. Pour aménager le talus, il faut des ingénieurs, des plans et devis, des autorisations de plusieurs ministères et de la machinerie lourde. Ça va me coûter encore plus cher que l’aide financière qu’on m’accorde. » Par ailleurs, M. Melançon est loin d’être convaincu que sa maison survivrait à un déménagement et il est encore moins intéressé à habiter les terrains du secteur.Pendant que la Banque traîne, le terrain, lui, continue de bouger. La semaine dernière, une autre bande de terre a glissé dans l’eau. L’un des pilotis est désormais complètement à découvert.« En mars, j’ai signé avec la Sécurité civile une entente pour démolir ma maison. J’ai obtenu mon permis de la Ville et je suis prêt à procéder. Au final, ça va déjà me coûter une beurrée. Je n’essaie pas de me défiler, mais quand on me propose d’augmenter mes intérêts à 8 % pour rembourser la balance du prêt, je ne peux pas accepter. Ce serait comme de me mettre à la rue moi-même. »On le comprend bien, M. Melançon ne pourra pas compter sur la vente de son terrain pour renflouer ses coffres. Il recevra 5 000 $ pour supporter une partie des coûts de démolition et de remise en état de son lot. La Sécurité civile le vendra par la suite à la Ville de Saint-Pie pour la somme d’un dollar. Le terrain sera déclaré sinistré et ne pourra plus jamais accueillir de construction. « Je ne peux pas refaire un sou avec ma maison ou mon terrain. Pendant qu’on attend que la banque donne son autorisation pour qu’on procède à la démolition, c’est moi qui continue à payer des intérêts sur une maison qui va finir par tomber à l’eau avant qu’on soit fixé! Moi, j’aimerais mieux commencer à payer la balance de mon prêt à la banque plutôt que les frais d’une maison que je n’habiterai plus. »M. Melançon a atteint la limite de sa patience et s’interroge carrément sur les motivations des banquiers. « Est-ce qu’ils allongent insidieusement le délai pour récupérer les intérêts qu’ils perdraient autrement? Je suis en train de tout perdre. Si la banque continue à étirer ça, je vais devoir déclarer faillite. C’est ma seule option. »

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