26 août 2021 - 07:00
Programme particulier d’urbanisme
Réaliser le centre-ville
Par: Le Courrier

Si la logique et l’échéancier sont respectés, le conseil municipal de la Ville de Saint-Hyacinthe adoptera le programme particulier d’urbanisme (PPU) du centre-ville avant la dissolution du conseil en octobre. Il lui reste à peine trois séances pour entériner cette grande bible d’énoncés et surtout le plan d’action qui vont orienter le développement du centre-ville pour les dix prochaines années.

L’élaboration d’un PPU et sa mise en œuvre ne sont pas des éléments à prendre à la légère. La Ville de Saint-Hyacinthe y travaille depuis l’hiver 2019. Pour ce Chantier centre-ville, elle s’est fait accompagner par une firme de consultants, AECOM, et un comité formé d’une vingtaine d’élus, de fonctionnaires et de représentants du milieu.

On a pu constater tout le sérieux de cette démarche il y a quelques semaines lorsque le PPU préliminaire a été rendu public, en plein mois de juillet, dans une déplorable discrétion compte tenu de l’importance des enjeux.

À peine trois organismes ou citoyens ont profité de la période de consultation pour faire part de leurs opinions. Autant dire personne. Il faut donc s’attendre à ce que la version finale soit un copier-coller de la version préliminaire. Ce n’est pas si grave puisqu’il n’y a pas grand-chose de mal à dire de la version préliminaire. Le diagnostic tient la route, tout autant que les propositions contenues dans le plan d’action. Les forces, les faiblesses et les enjeux du centre-ville ont été bien identifiés. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

L’élaboration d’un PPU n’est pas une démarche très palpitante à suivre et une présentation grand public intéressera surtout les commerçants du centre-ville, bien avant ceux qui y résident. Il faut aussi savoir qu’un PPU reste un cadre assez générique. C’est surtout sa mise en œuvre qui peut provoquer des frictions sur le terrain quand les grandes idées deviennent plus concrètes et qu’elles s’enracinent dans la réalité du milieu.

Et comme tout ce qui bouleverse les habitudes du centre-ville a toujours un côté explosif à Saint-Hyacinthe, attendez-vous à ce que le déploiement du plan d’action provoque quelques flammèches. Sans se tromper, on peut présumer que la question du stationnement provoquera des remous compte tenu de la place importante accordée dans le PPU à la requalification, à des fins de développements commercial et résidentiel, de pratiquement tous les stationnements publics du centre-ville.

Voilà une volonté audacieuse quand on sait à quel point l’accessibilité au stationnement a toujours été un élément sensible au centre-ville. Le PPU confirme d’ailleurs que les stationnements publics gratuits sont très achalandés. Utiles et nuisibles à la fois, révèle le document en insistant sur le fait qu’ils constituent autant de ruptures dans la trame urbaine du centre-ville. Pour les auteurs du PPU, la solution d’avenir passe par la création de stationnements souterrains ou étagés. Mais ce que le PPU ne dit pas ou pas assez, c’est que ces solutions sont coûteuses et dépendent en bonne partie du bon vouloir des promoteurs, à moins de contraintes réglementaires.

Surtout, de nouveaux stationnements souterrains ou étagés ne garantissent en rien l’accès facile à du stationnement gratuit. Comme l’a démontré le fiasco des horodateurs, la gratuité devrait pourtant être un élément à considérer pour un centre-ville qui se bat entre autres contre les Galeries St-Hyacinthe pour y attirer des consommateurs et des professionnels. La gratuité est une valeur ajoutée sur laquelle misent énormément nos commerçants, tout comme la direction du Centre des arts Juliette-Lassonde.

Requalifier les stationnements publics du centre-ville ne sera pas sans conséquence. On pourra d’ailleurs le réaliser lorsque tous les chantiers en cours auront atteint leur vitesse de croisière. Pas certain que la mise en place de stationnements alternatifs et d’un circuit de navettes sera tellement populaire. Ce premier test sera révélateur.

Sagement, le PPU suggère de réaliser une étude sur l’offre, les besoins et le potentiel d’optimisation du stationnement public et privé du centre-ville dans l’esprit de réduire graduellement l’usage de la voiture, et ce, avant d’enclencher toute construction d’infrastructures publiques de stationnement.

C’est bien un minimum.

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