23 mai 2013 - 00:00
Richard Flibotte sous les projecteurs
Par: Le Courrier

Richard Flibotte est entré à la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSH) en même temps que ses enfants. Il s’est impliqué sur les comités de parents, puis au conseil des commissaires avant d'accepter, il y a dix ans, sa présidence. Rencontre à l’aube des vacances d’été.

Impossible de passer outre le dossier du Collège Antoine-Girouard, dont le passage au public s’est avéré un échec. Une fois la poussière retombée, quel bilan faites-vous de ce projet?

Ce qui a préoccupé le Conseil des commissaires au départ et ce qui a été le fil conducteur de la démarche, c’est l’aspect humain. Qu’on soit au privé ou au public, au collégial ou au primaire, c’est la réussite des jeunes qui compte. On souhaitait ardemment que le projet se réalise, mais pas à n’importe quel prix. On vient d’adopter un plan de redressement. On ne pouvait pas s’embarquer dans une aventure qui n’était pas à coût zéro. Et il fallait être équitable par rapport au personnel déjà en place. On ne pouvait pas accorder un traitement de faveur aux enseignants du CAG, même si on sait que ce sont d’excellents enseignants. On est très déçu de la tournure des événements, surtout pour les élèves et les parents.

Regrettez-vous d’avoir investi tous ces efforts et toutes ces ressources dans ce projet à la lumière du résultat?

Pas du tout. Au-delà de la déception, il y a quand même eu quelque chose de très fort qui s’est vécu ici, au sein de la commission scolaire. Ça a consolidé des liens, amené des gens à travailler fort ensemble, à mettre de l’avant des convictions et des croyances et à les défendre aussi. L’équipe en sort grandie.

Pensez-vous que votre image auprès de la population en sorte grandie elle aussi?

Ce sera à la population d’en juger. Nous, on est allés là en toute bonne foi et avec les meilleures intentions du monde.

La performance économique de Saint-Hyacinthe bat de l’aile, ce qui se répercute sur les emplois disponibles. Le système scolaire étant sensible aux changements démographiques, en ressentez-vous les impacts?

Pour une commission scolaire, si la population est en augmentation, cela a un impact. On le voit dans certaines régions, où on agrandit et construit de nouvelles écoles. J’en suis un peu jaloux. Mais la démographie, ce n’est pas la seule variable. Le ministère de l’Éducation n’accorde pas d’agrandissement ou de construction d’école si l’on peut offrir des places aux élèves dans un rayon de 20 km. Or, ce qu’on voit à Saint-Hyacinthe, ce sont des déplacements de la population. Dans un milieu donné, par exemple à Douville, le Havre des Dominicains est venu gonfler la clientèle du primaire. Mais ces gens-là ne viennent pas nécessairement de l’extérieur de notre territoire, ce qui libère des places ailleurs. Par contre, on est en augmentation graduelle de clientèle au primaire et à partir de 2015-2016, nous aurons besoin de nouveaux espaces.

Vous serez bientôt reconduit dans vos fonctions de vice-président de la Fédération des commissions scolaires du Québec. Avez-vous d’autres ambitions politiques, par exemple au municipal ou au provincial?

Non. Ce qui me branche moi, c’est la politique scolaire.

Vous ne voudriez pas vous impliquer à la fois en politique scolaire et ailleurs?

Ça devient conflictuel un moment donné d’avoir trop de chapeaux avec des intérêts différents. Peut-être que d’autres personnes se débrouillent très bien là-dedans, mais moi je suis plus à l’aise avec moins de chapeaux. Évidemment, il ne faut jamais dire jamais. Il y a 20 ans, si on m’avait parlé de devenir président de commission scolaire, j’aurais probablement dit non!

Les élections scolaires soulèvent peu d’intérêt dans la population. Avec un faible taux de participation, qu’en est-il de la légitimité de la structure?

Ce qui me préoccupe, ce n’est pas juste le taux de participation, mais plutôt l’importance que la population accorde ou n’accorde pas à ça. De remettre en doute la légitimité de la politique scolaire à cause d’un faible taux de participation, je me méfie de ça. La moyenne de taux de participation aux élections scolaires est de 8 %, mais ça ne veut pas dire que 92 % de la population juge que ce n’est pas important ou que ça ne devrait pas exister. Il y a 40 % des gens qui vont voter au municipal. Est-ce que la balance ne veut pas de conseillers municipaux, ni de maire? Est-ce que ceux qui ne votent pas au provincial ou au fédéral ne veulent pas de gouvernement? Je ne pense pas. Je pense qu’il faut que le taux de participation augmente, oui, mais qu’il faut surtout travailler à faire valoir l’importance de maintenir la structure démocratique en place.

La question à laquelle vous auriez souhaité répondre.

La politique scolaire, j’y crois. Qu’on soit en éducation, en santé ou au municipal, les gens qui se font élire font une différence. Je trouve dommage qu’au niveau scolaire, les gens ne voient pas l’importance du travail qui est fait. Par exemple, il y a longtemps eu une volonté administrative à la CSSH de regrouper des écoles ou d’en fermer, surtout en périphérie de la ville, pour contrer la baisse démographique et sauver des sous. Mais les commissaires, qui connaissent leur milieu, se sont levés et ils ont dit non, vous ne fermerez pas notre école. La Caisse est partie, l’église va fermer, la Coop n’est plus là, mais notre école va rester! S’il n’y avait pas eu de politique, ces écoles ne seraient plus là aujourd’hui. Le but du Conseil des commissaires, c’est de donner une chance égale à tous de réussir. C’est le principe qui guide le conseil des commissaires tout le temps : que ce soit juste et équitable.

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