22 décembre 2011 - 00:00
Un coût provisoire de 21,2 M$
Par: Jean-Luc Lorry


Si l’on se fie aux montants des soumissions déposées par le consortium d’architectes (ACDF, de Saint-Hyacinthe et Tremblay L’Ecuyer, de Laval), l’entrepreneur général (Pomerleau, de Saint-Georges) et les Entreprises Claude Chagnon, de Saint-Hyacinthe, la facture finale aurait dû s’élever à environ 17,3 M$.

Mais la réalité est tout autre. Une série de modifications et d’ajouts en cours de route ont fait gonfler la note de presque 4 M$. La direction générale de la Ville de Saint-Hyacinthe explique ces dépassements par l’échéancier et la complexité technique de cette construction réalisée en l’espace de 18 mois au lieu de 36.Pour financer cet ambitieux projet et faire face aux imprévus, la Ville avait procédé à un règlement d’emprunt de 18,3 M$ en avril 2010. Puis, en juin dernier, la Ville réajustait le tir au niveau du budget en annonçant un dépassement de 1 M$, ce qui devait, selon ses prétentions, porter la facture finale du projet à un montant de 19,2 M$.Six mois plus tard, elle atteint plutôt 21,2 M$ et le compteur tourne toujours!

Qui en profite?

Selon le relevé de compte provisoire obtenu par LE COURRIER en vertu de la Loi d’accès à l’information, les honoraires professionnels (architectes et ingénieurs) se chiffrent à 1,3 M$, ce qui représente un excédent de 288 000 $ par rapport à la soumission qui a valu le contrat au consortium d’architectes.

Les deux contrats de construction octroyés aux entreprises Pomerleau et Claude Chagnon (travaux d’excavation et d’installation des pieux) ont également dépassé les estimations initiales. Dans le cas de Pomerleau, du montant du contrat de construction de 14,8 M$ octroyé en juillet 2010, il faut ajouter des avenants de modification totalisant 1,7 M$. On constate aussi un dépassement de coût de l’ordre de 77 000 $ pour les Entreprises Claude Chagnon par rapport au contrat initial de 1,41 M$. Pour éviter une facture encore plus salée, la Ville a dû prendre en charge plusieurs travaux (aménagement extérieur, dépenses de génie civil) et équipements (casiers des vestiaires, panneau d’affichage). Ces dépenses de 1,4 M$ seront payées à même les fonds d’immobilisations de la Ville, ce qui évitera un nouveau règlement d’emprunt.

Des litiges à régler

Le bilan financier du Centre aquatique présenté par les autorités municipales est provisoire puisque certains litiges demeurent en discussion avec l’entrepreneur général Pomerleau. À titre préventif, la Ville dit avoir en réserve la somme de 215 000 $ en vue de régler son différend avec le constructeur.

Selon les informations obtenues par LE COURRIER, un autre litige pourrait s’ajouter au niveau des architectes.Selon nos sources, une somme dépassant le demi-million de dollars serait en jeu, une information qui a cependant été niée par le directeur général de la Ville, Louis Bilodeau.Précisons que la Ville de Saint-Hyacinthe avait orchestré une conférence de presse « administrative » afin de répondre aux demandes du COURRIER sur les coûts de réalisation du Centre aquatique. Ce point de presse s’est déroulé mardi matin à l’Hôtel de Ville sans la présence du maire Claude Bernier et des conseillers. Toutes les dépenses relatives au Centre aquatique Desjardins avaient été présentées aux élus lors du comité plénier du lundi 28 novembre, soit quelques jours après notre demande d’information auprès des services juridiques.Signalons qu’il n’est pas rare que des projets d’envergure se terminent par des échanges musclés entre le donneur d’ordre et l’entrepreneur.Dans le cas de la construction du Centre des arts Juliette-Lassonde, l’entrepreneur général Opron avait déposé une poursuite de 2,3 M$ contre la Ville de Saint-Hyacinthe au terme du chantier, prétextant certains délais et fautes des consultants.Le litige s’est terminé le printemps passé, cinq ans après l’inauguration du Centre, par une entente à l’amiable entre les deux parties. La Ville de Saint-Hyacinthe a finalement acheté la paix et consenti un dédommagement de 341 775 $ à Opron.

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