1 octobre 2015 - 00:00
Un ÉNORME pari
Par: Martin Bourassa

On connaît enfin les grandes lignes du « partenariat créatif » entre la Ville de Saint-Hyacinthe et Les centres d’achats Beauward en vue de la construction d’un centre de congrès et d’un hôtel de luxe dans la cour des Galeries St-Hyacinthe.

La Ville a finalement confirmé notre ­exclusivité du 27 août selon laquelle elle ne construira pas son centre de congrès sur un terrain lui appartenant, mais qu’elle sera plutôt liée à Beauward par un bail emphytéotique de 40 ans.

En revanche, son partenaire s’engage à investir au moins 25 M$ dans la construction d’un hôtel trois étoiles et demi ou quatre étoiles avec stationnement.

La Ville a énuméré une bonne dizaine de raisons motivant le choix de l’emphytéose.

Disons que certaines me laissent ­songeur. D’autres raisons auraient facilement motivé l’achat du terrain. Le malaise évident de la Ville à ce sujet laisse supposer que ce sera le gros morceau à faire avaler aux contribuables maskoutains.

Certains ne seront peut-être pas enchantés de réaliser que la Ville va investir 23 M$, sans compter tout l’entretien et les mises à niveau, dans un immeuble qu’elle donnera à Beauward dans 40 ans. On a eu beau ­chercher, nous n’avons pas retrouvé de montage financier comparable, ni ­d’investissement de cette envergure pour des centres de congrès municipaux. La bouchée à faire avaler est ÉNORME. ­D’autant plus que la bénédiction des contribuables est primordiale pour faire passer le règlement d’emprunt d’au moins 20 M$ qui est nécessaire à la réalisation du projet.

La Ville assure que son centre de congrès pourra se faire sans qu’il y ait d’impact sur le compte de taxes des citoyens. Pour cela, il faudra toutefois que son plan d’affaires et ses projections de profits tiennent la route. Il faut avoir la foi, car il n’y a aucune ­garantie que son optimisme se traduira par des surplus nets au bout de trois ans, même si on ne peut nier l’impact positif des immeubles à bâtir sur les recettes ­foncières de la Ville.

Question de convaincre les sceptiques, la Ville a assorti son règlement d’emprunt d’un épouvantail. Elle s’est en effet engagée à dédommager Beauward si jamais la ­population bloque l’emprunt. Dans ce cas, il faudra lui rembourser toutes les sommes qu’elle aura engagées en vain. C’est presque machiavélique.

Aussi, la Ville a confirmé qu’elle réalisera ce projet coûte que coûte, même sans ­subvention provinciale ou fédérale. Autre sujet à profond malaise quand on ­demande au maire si le fait d’être associé à une entreprise de Marc Bibeau pourrait nuire aux chances d’obtenir rapidement une aide de Québec. Il patine pas mal.

Parmi les points qui restent à éclaircir, il y a le nom du gestionnaire externe qui aura le mandat d’opérer et de rentabiliser l’hôtel et le centre de congrès. L’identité de la ­bannière reste à être confirmée, mais vous pouvez miser sur Four Points by Sheraton.

Cela dit, et même si des aspects du projet sont discutables et le prix très élevé, il ne fait aucun doute que la Ville devait prendre l’initiative d’une relance agressive du ­tourisme d’affaires et que l’économie de Saint-Hyacinthe se portera mieux avec un centre de congrès et un nouvel hôtel. Essayons donc d’être constructifs.

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