29 juillet 2021 - 07:00
Tali Darsigny aux Jeux olympiques
Un sourire en or
Par: Le Courrier

Vous dire à quel point je suis heureux pour Tali Darsigny et ses proches. Déjà de la savoir aux Jeux de Tokyo était une source de bonheur. Pour elle, un rêve devenu réalité et l’aboutissement d’années d’entraînement et de sacrifices démesurés. Alors de la voir tout donner, arracher la barre, la porter sur sa poitrine, la pousser en haut de sa tête, les épaules bien tendues, puis serrer le poing et sourire à belles dents m’a fait sourire à mon tour.

Tali Darsigny est allée au bout d’elle-même. Elle ne reviendra pas avec une médaille au cou, mais elle reviendra satisfaite. Et si elle est contente, nous devons l’être aussi. Elle est son plus sévère juge après tout. À l’œuvre dans la catégorie des 59 kilos, la jeune athlète de 23 ans savait le podium inatteignable, mais souhaitait se dépasser en soulevant ses meilleures barres à vie en compétition. Et une compétition olympique n’est pas une compétition comme une autre. Ce qui signifiait réaliser une barre de 92 kg à l’arraché et autour de 112 ou 113 kg à l’épaulé-jeté. Au final, Tali a réussi cinq de ses six essais olympiques, terminant avec une charge cumulative de 199 kilos, soit 90 kilos à l’arraché et 109 kilos à l’épaulé-jeté.

Une performance bonne pour un top 10 au classement final, elle qui a terminé sa compétition au 9e rang. Savoir que nous avons chez nous la neuvième meilleure athlète féminine au monde dans sa catégorie de poids, et dans un sport individuel aussi exigeant que l’haltérophilie, voilà qui doit être une source de fierté.

Il faut le dire et le célébrer haut et fort. Le partager. S’en imprégner. Comme nous l’avions fait dans le temps avec Luce Baillargeon, la judoka de Saint-Thomas-d’Aquin qui avait terminé 9e aux Jeux olympiques de Syndey en Australie en 2000. Cette dernière avait été accueillie en véritable championne à son retour au pays. Nos filles en méritent autant.

Le club d’haltérophilie La Machine Rouge de Saint-Hyacinthe avait trois représentants à Tokyo, soit deux athlètes – Tali et Rachel Leblanc-Bazinet – et un entraîneur, Yvan Darsigny, ancien Olympien et père de vous savez qui. Ça en dit long sur la qualité de notre club, ce qui a d’ailleurs convaincu Rachel de le rejoindre et de s’installer à Saint- Hyacinthe pour s’entraîner avec les meilleurs. La Machine Rouge mérite des félicitations, tout comme la Ville de Saint-Hyacinthe pour sa vision quand elle a décidé de transformer l’aréna C.-A.- Gauvin de La Providence en centre multisports voué à l’haltérophilie, à la boxe, au judo et à la gymnastique. Ce choix a été payant.

Saint-Hyacinthe est aujourd’hui une référence en haltérophilie. Le mérite revient à ceux et celles qui portent les barres à bout de bras et aux autres qui les soutiennent en permettant aux athlètes de s’exercer dans de bonnes conditions.

Sans rien enlever à Rachel, j’ai un attachement particulier envers Tali puisque nous l’avons vu grandir. Quand j’écris « nous », je parle des journalistes et des lecteurs du COURRIER. C’est d’ailleurs l’un des grands privilèges d’œuvrer dans un journal comme le nôtre, celui de pouvoir suivre d’année en année le cheminement de nos petits héros du quotidien.

Contrairement aux médias nationaux qui braquent leurs projecteurs sur l’élite dans les grands moments, ce n’est pas d’hier que nous suivons Tali. En écrivant l’histoire régionale chaque semaine, nous l’avons vue devenir une athlète et une jeune femme accomplie. Et surtout, toujours exceller, que ce soit en haltérophilie ou même… en patinage artistique!

Dans nos archives, on retrouve la trace de la toute petite Tali Darsigny aussi loin qu’en 2007 alors qu’elle fut médaillée d’argent par équipe à l’Invitation Gérard-Allard de Saint-Césaire. Elle faisait équipe avec Alissa Daunais, Catherine Ruel, Eugénie Lanteigne et Valérie Roy.

Sportive accomplie, la Tali haltérophile a pris le dessus. Tant et si bien qu’on retrouvera son nom régulièrement dans nos pages à partir des années 2010. Déjà à cette époque, son potentiel sautait aux yeux, car à 12 ans seulement, elle réussissait les standards de niveau senior!

La beauté dans tout ça, c’est qu’elle n’a jamais cessé de pousser et de se surpasser. De se laisser tirer par le haut par son rêve de participer un jour aux Jeux olympiques en marchant sur les pas de son père et en réalisant le rêve autrefois impossible de sa mère. Mission accomplie haut la main, le poing fermé et avec le sourire. Bravo championne!

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